Jeudi 10.03.11 - 13.02h
Sur les sites internet de vos journaux préférés, ce matin, des braquages, encore des braquages. Souvent, on le sait, les auteurs de ces méfaits viennent de France, par exemple des fameuses banlieues lyonnaises. Nos amis français sont d’ailleurs les premiers à pâtir de leurs ravages. Bien sûr, nulle fermeture de frontière n’arrivera au risque zéro. Bien sûr, ceux qui veulent passer le pourront toujours. Bien sûr encore, le flux des pendulaires transfrontaliers, nécessaires à l’économie genevoise, ne doit pas être entravé par d’excessifs contrôles. C’est dire si la situation est difficile.
Mais une chose est certaine. Genève a besoin de beaucoup plus de gardes-frontière, ces derniers doivent multiplier les signaux de leur présence, concentrer leur action sur la détection du banditisme. Surtout, il serait bon qu’une partie de la classe politique, nourrie de l’illusion, très libérale-libertaire, d’un monde sans frontières, reprenne conscience d’une réalité : entre Genève et Annemasse, nous sommes certes amis, voisins, nous nous respectons, nous échangeons des projets. Tout cela, oui. Mais nous sommes, jusqu’à nouvel ordre, deux pays différents.
Très bien s’entendre avec son voisin, l’inviter chez soi, aller chez lui, s’échanger des services, ne signifie pas la confusion des terrains, ni celle des droits de propriété. Nous sommes tout proches, c’est vrai. Mais nos cultures politiques, la profondeur de nos Histoires respectives, nos choix de rattachement nationaux (1815, 1860) nous lient aussi à des matrices qui s’appellent Paris ou Berne, Lyon ou Lausanne, et qui s’appellent encore, pour faire court, des pays.
Je ne sache pas, à moins d’avoir mal écouté ma radio ce matin, que ces entités-là aient été dissoutes. Ni aboli, de part et d’autre, le profond sentiment d’appartenance, également respectable à Annecy, Gex, Genève ou Nyon, à une patrie. Ce mot, peut-être, fera ricaner les bobos, les libertaires, les ultralibéraux. Il ne fait absolument pas sourire l’immense majorité des gens, souvent modestes, souvent démunis. Et dans le cœur desquels demeure, entre autres sentiments, ce lien-là, si puissant.
Pascal Décaillet