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Tous les saints

Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 01.11.10

Catholique, j’ai toujours cru à la communion des saints. A celle des morts, aussi, avec les vivants. C’est une folie, je sais. Le christianisme est une folie. Révolutionnaire, dévastatrice. Détestable, quand elle fraye avec le pouvoir. Sublime, quand elle résiste.

De la foi à l’athéisme, de la présence à l’absence, de la parole au silence, de la vie à la mort, la seule certitude est celle du fragile. Le seul fidèle, celui qui peut renier. Le seul vivant, celui qui va vers la mort. Le vrai croyant, celui que dévaste le doute. La seule Eglise qui vaille n’est pas faite de murs, mais de l’invisible communion. Ecclésia, l’assemblée. Rien d’autre.

1er novembre, le jour de tous les saints. Lisez Simone Weil, voyez comme il est ténu, le chemin de la Grâce à la Pesanteur. De l’ange à la bête. De l’empire à la chute. De la lumière à la nuit. J’ignore si le saint porte en lui le salut. Mais les ténèbres, oui, qui l’éblouissent.

La Toussaint est une très grande fête. Elle n’est pas affaire de superstition, ni de commerce, ni même au fond de ce qu’on appelle la foi. Non. Elle met en jeu les forces de l’esprit. Elle les ravive un instant, au milieu des feuilles mortes. Elle n’offre ni salut, ni certitude. Elle passe. Et nous aussi, au milieu de cela, nous passons.

Pascal Décaillet


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