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Genève, Verdun

 

Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 14.10.10



Face à toi, l’impasse. A ta gauche, sens interdit. A ta droite déviation. Sous tes roues, sous tes pas, la tranchée. Dire qu’on traverse Genève et qu’on croirait Verdun. 1916. Jonction, Coulouvrenière, avenue d’Aïre, sans parler de l’accès à Lancy. Lancy n’existe plus, Monsieur. Genève n’est plus une ville, elle est une béance, un ventre éviscéré qui s’offre à l’indifférence du ciel.

Vous avez dit Lancy, Onex, Bernex ? Vous avez dit route des Jeunes ? Vous avez dit Cornavin ? Visez plutôt Pluton ou Jupiter, vous y serez plus vite. Bien sûr, bien sûr, on nous répète que c’est provisoire, pour la cause du bien, celle du tram, les lendemains électriques qui chantent.

Certes. Mais le pékin moyen, coincé comme un vulgaire poilu entre la tranchée et le boyau bouché, dans la sublime poussière des marteaux-piqueurs et la pataphysique extase du temps passé à s’emmerder au volant, il se dit que peut-être, en très haut lieu, on aurait pu rationaliser un peu mieux l’exercice, non ?

Ah, mais c’est qu’il devient acariâtre, le pékin ! Atrabilaire. On lui offre l’immobilité, et voilà qu’il ronchonne encore ! Il croit quoi ? Qu’une route, c’est fait pour rouler ? Un chemin, pour cheminer ? Le point A, pour s’emmouracher du point B ? Allez, adieu Euclide, adieu mouvement. Le must, today in Geneva, c’est le point mort.

Pascal Décaillet





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