Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Jeudi 07.10.10
Avec René Longet et Cyril Mizrahi dans ses plus hautes instances, le parti socialiste genevois n’est plus un organe de combat, mais un chœur de pleureuses. L’arène politique, un cimetière antique, avec de sublimes femmes en noir sous le soleil, et des cris de détresse dans le désert.
Les décisions de la Constituante déplaisent ? Qu’on la dissolve, dixit Longet. Les membres de l’Assemblée, légitimement élus ? Qu’ils mourussent ! René Longet vient d’inventer une nouvelle méthode politique : la résistance par la gomme. L’évacuation du problème par la cuvette des toilettes. La larme atomique, à la première contrariété.
Non seulement cette position, en logique républicaine, est indéfendable, mais elle s’accompagne, chez nos duettistes de la folle complainte, d’infinies variations sur le monde du gémissement : il y a celui qui geint et celui qui sanglote, il y a les soupirs de la sainte et les cris de la fée.
Longet, la fée. Mizrahi, la sainte. Ils sont venus nous dire qu’ils s’en allaient, et leurs propres larmes n’y pourraient rien changer. Alors, dans le désert, ils pleurent. Et la vie, elle, continue. Parce que, comme le disait si bien Mouloudji, « Faut vivre ! ».
Pascal Décaillet