Sur le vif - Lundi 16.08.10 - 19.20h
Il fallait vraiment s’être levé de bonne heure et du bon pied, ce matin, n’avoir bu que de l’eau depuis hier soir, pour comprendre un traître mot au « débat » entre le sociologue de Fully Gabriel Bender et l’éminent chroniqueur Christophe Gallaz, il y a quelques minutes, à la RSR. Thème : les propos tenus hier soir, sur la même antenne, par Gallaz, à propos des Valaisans dans leur comportement face au loup. Cf notre chronique précédente, sur ce blog.
Rhétoriquement, ces deux intellectuels de haut vol ont un point commun : si leurs écrits brillent de mille feux, à l’oral ils donnent plutôt l’impression d’une inexorable distillation de l'équation verbale jusqu’à la fermentation finale. Tellement surmaturée que, d’un coup sirupeux mais fatal, elle en endormirait nos sens. Ils parlent, nous n’entendons pas. Ils émettent, nous ne recevons pas. Le Manitoba est là, face à nous, mais il ne répond pas.
A part ça, plein ce belles choses ont été dites, où se mêlent Chappaz et les araignées rouges, la confirmation définitive de la non-existence des Vaudois, la coulpe gallazienne lorsque le scélérat reconnaît être allé un peu loin hier soir, mais encore la Nouvelle Héloïse, une foule d’animaux sur l’alpe, disons l’Arche de Noé, et surtout le fantasme extatique que le canton de Vaud pourrait exister sans Lausanne.
Pendant que les deux éminences du verbe rivalisaient dans l’art d’ajouter de belles inconnues à l’équation, le loup, quant à lui, courait. Et court encor.
Pascal Décaillet