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L'heure de Karin Keller-Sutter a sonné

 

Sur le vif - Vendredi 06.08.10 - 01.44h

 

C’est par une star de la politique suisse, avec qui je dégustais hier (jeudi) après-midi quelques essences mazarines à Chamoson, que j’ai appris le départ de Hans-Rudolf Merz. Ce vendredi, dans la matinée, ce départ devrait être rendu officiel, à Berne.

 

La démission de M. Merz, bon ministre des Finances mais mauvais président de la Confédération au pire moment de l’affaire libyenne, est, si elle se confirme ce matin, une excellente nouvelle. Parce qu’elle aère le jeu. Elle ouvre la fenêtre à la possibilité d’un vent nouveau. Le besoin en est urgent.

 

Le départ du seul Moritz Leuenberger était, en soi, une question dénuée de tout intérêt. Savoir quelle femme socialiste alémanique allait remplacer ce Pierrot lunaire ayant beaucoup trop longtemps blanchi sous le harnais ne relevait, franchement, que d’une tension assez limitée. Il serait beaucoup plus intéressant de se demander ce que font les socialistes au Conseil fédéral, ce qu’ils ont encore à y apporter, le temps des pères de la nation et des assurances sociales, comme le génial Tschudi, ayant depuis longtemps laissé la place à celui du caviar, des alibis, des moralisateurs éthérés ou des hallucinés urbains de galeries contemporaines.

 

Mais là, l’imminence d’une double vacance (avec, apparemment, deux élections complémentaires qui n’auraient pas lieu en même temps) va donner un peu de sel et d’épice à une politique fédérale de plus en plus fade, de moins en moins pourvue en personnages dotés de charisme, d’aspérités, de capacités à contre-courant. Le Conseil fédéral n’a pas besoin de comptables (« Buchhalter » en allemand), mais de caractères, sales tronches, emmerdeurs, empêcheurs de sommeiller en rond (oui, Moritz, SOM-MEIL-LER !), bref des Blocher ou des Couchepin. Des chefs. Pas des chefs de gare.

 

À ce stade, une figure s’impose. L’excellente conseillère d’Etat saint-galloise Karin Keller-Sutter. La classe, à l’état pur. Une intelligence d’Etat, cohérente et cristalline. Un sens de la loi et de sa dignité d’application. Une maîtrise du français hors de pair. Un courage, dans la prise de décision, que pourraient lui envier tous (et surtout toutes) ses homologues de Suisse romande. C’est elle qui doit succéder à M. Merz. 24 ans après le départ de Kurt Furgler, c’est elle qui doit reprendre le flambeau de Saint-Gall au gouvernement fédéral. Elle, avant tout autre.

 

Surtout, aucune de ces questions ne doit nous faire oublier l’urgence de réformer le Conseil fédéral, son mode d’élection. Elire, enfin, des équipes cohérentes, en bloc et non dans la hasardeuse aventure du disparate. Des équipes avec un programme, une épine dorsale, une ambition claire et lisible pour le pays. Bref, un cabinet de guerre, avec d’ailleurs un chef, pour toute une législature. Et non une collection de passants, comme il y a des collections de timbres. Ou des collections d’automne. Ou des étés pourris. Où même Ueli le Climatique (que mille vierges célestes réchauffent la seule évocation de son saint nom) en aurait perdu son latin.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

 

 

 


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