Notes de lecture - Dimanche 08.11.09
Du plus loin qu’il m’en souvienne, du plus profond de ces mille randonnées et de tant de cabanes, avec mon père, le Valais des chapelles et des sentiers, des torrents et des bisses, des lacs de montagne, ce Valais d’hier et celui de demain, habite mon âme.
Elle était très enviable, cette enfance, j’en conviens, qui en juillet nous menait sur les routes d’Italie, de Grèce ou du Proche-Orient ; en en août, sur les chemins escarpés de Bagnes et d’Entremont. L’été la marche, l’hiver le ski, à haute dose, ces hivers de gerçures, de jambes cassées, de vitesses déraisonnables: j’ai aimé ça, passionnément.
Vous comprendrez, dans ces conditions, la divine surprise que vient de constituer, pour moi, la lecture du « Valais mystique », de Slobodan Despot, publié dans sa propre maison d’édition, Xenia. Du « Mur d’Hannibal », à Liddes, au Christ-Roi de Lens, en passant par le Vallon de Van et la « sentinelle de béton » (l’admirable église d’Hérémence), Despot nous prend par la main, nous promène dans cette terre de chaleur et de lumière, celle de l’eau vive et des lumignons, au pied des madones.
Il faudrait sillonner les chemins de Despot avec, toujours, sur soi, un livre de Chappaz. Ou peut-être de Strabon, le géographe. Ou, à coup sûr, de Cingria, chroniqueur de l’itinérance. A travers les lieux, à travers le temps et les œuvres, dans les marges des manuscrits, les variantes des partitions musicales. Ou alors, sans rien. Juste dans la solitude de la vie qui va. Car ces chemins de croix sont chemins de traverse. Et si la naïveté de cette piété, en fait, n’était que l’éclair perdu de la lucidité ?
A lire, à dévorer des yeux. A parcourir, surtout. De préférence l’été. Merci, Slobodan.
Pascal Décaillet