Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Macha, la voix des voix

Une voix.

Juste une voix. Quelque part dans la nuit. Entre minuit et deux heures du matin. Rauque, fumeuse, corsée de vécu, patinée de la douleur des temps, c’était une voix-cicatrice.

Dans l’encre de la nuit, elle vous parlait. A l’autre bout du fil, des types cassés, des nanas disjonctées, toutes les saloperies de la vie qui vous remontaient. Et toi, au volant ou dans ton lit, tu écoutais. Elle parlait à l’autre évidemment, l’arraché du bout des ondes, mais, au fond, elle te parlait à toi, aussi. C’était là sa puissance. Là, le miracle.

Macha Béranger, qui nous a quittés hier à l’âge de 67 ans, des suites d’une longue maladie, était une très grande dame de la radio. Justement parce qu’elle n’était pas une dame. Mais juste une voix, furtive et profonde comme l’âme de la nuit. Pendant trente ans, sur France Inter, qui n’a pas été foutue de la garder, il y a trois ans, elle a été l’honneur de ce métier, l’honneur de la chaîne.

En hommage, ce mot de Léo Ferré, dans un poème qui s’appelle « Richard » : « Les gens, il conviendrait de ne les connaître que disponibles, à certaines heures pâles de la nuit, près d’une machine à sous. Avec leurs problèmes d’hommes. Simplement des problèmes de mélancolie ».

 

Pascal Décaillet

 

Les commentaires sont fermés.