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La nuit, mentons

 

Hommage - TG + Radio Cité

 

C’est quoi, c’est qui, un grand chanteur, un artiste, un poète ? Ca parle pour qui, ça nous dit quoi, ça vient effleurer quelles meurtrissures ? Et lui, là, derrière ses lunettes noires, il était qui ? Il voulait quoi ? Dans la nuit bleue du bitume, nous l’écoutions, vers ce micro de matinales qui nous attendait. C’était il y a longtemps. C’était demain.

La voix. Si virile et si douce, profonde, caressante, elle te parle à toi, juste toi. Il y a lui, il y a le cosmos, il y a toi, tu t’agrippes à ton volant dans l’encre de la nuit. Il parle à des femmes. Celles qu'il aime, ou qu’il n’aimera bientôt plus. Elles sont quelque part. Mais, dans sa voix, c’est toi qu’il traverse, toi le voyeur, le troisième homme. Tu voulais juste prêter l’oreille, il t’arrache quelques haillons de l’âme.

Alain Bashung était un grand. Dessous chics et pudeur des sentiments, extase de la syllabe qui se détache et s’évapore, gutturale sans rien qui grince, obscure, profonde, une voix de nuit marine, juste l’azur sans l’alizée. Juste le démon, sans l’enfer.

L’enfer, c’est ce départ. Cette saloperie, qui a fini par gagner. Et lui, jamais plus grand que dans ce combat-là. Elle était là, la dame en noir. Il avait feint de n’en rien voir. Juste un mensonge nocturne, encore. Et cette voix, d’en bas et du dedans, jusqu’au profond de nos blessures. Au-revoir, Monsieur. Et merci.

 

Pascal Décaillet

 

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