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Souliers de satin

Chronique parue dans la Tribune de Genève du 09.03.09

 

Plus s’écoulent les années, plus le courage exceptionnel de Laurent Flütsch attise mon esprit et aiguise mes sens. Blesser, dimanche après dimanche, les catholiques de Suisse. Donner de « Sa Sénilité » (hier, 11.08h) à leur chef spirituel, en se recroquevillant derrière l’immunité de la satire. Brandir l’ostensoir de la Raison triomphante face à l’obscure folie du religieux. Avoir avec soi les rieurs, la mode, le monde et les mondains, la modernité qui pétille et qui fait « pschitt ».

C’est cela, le petit monde de Monsieur Flütsch. Feu libre, au nom de la liberté d’expression, sur une communauté tout entière, ses valeurs, ses références. Et la doxa dominante qui se rit et qui se gausse, et toute cette obédience qui n’en peut plus d’applaudir. C’est l’humour au service du pouvoir et des majoritaires, qui se croit de catacombes mais danse et se dodeline sur les marches du trône.

Fou du roi ? Fou engraissé par le roi, qui sautille en souliers de satin sur le ventre repu du souverain. Contre-pouvoir en pantoufles, tellement officialisé qu’il en devient, par inversion, le pouvoir lui-même, riche de ses seules routines, illuminé de ses propres certitudes. Dimanche après dimanche. Ca n’est plus une émission. C’est l’Angélus. Et le pays profond qui s’agenouille. Pour rire de la bonne parole. Jetée aux quatre vents. Amen.

 

Pascal Décaillet

 

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