Édito Lausanne FM – Lundi 09.06.08 – 07.50h
Le départ de PPDA, après tant de décennies sur nos écrans, appelle une ou deux réflexions.
D’abord, s’il fut tant regardé, c’est simplement parce qu’il fut bon. Une présence, un regard, un style simple et clair, un homme qui va vers des millions d’autres. Avant le copinage, avant le réseau de protection, avant le potentat des salles de rédaction, il y eut, à la base, un talent.
Au point que PPDA était devenu comme une chose. Plante de salon, objet d’imitation, marionnette d’humoristes, le prototype du présentateur, presque un nom commun. Comme frigo, ou Mac, ou Vespa.
Le regarder lui, plutôt, alors que la chaîne concurrente propose exactement le même type de journal : un homme, ou une femme, qui vous regarde dans les yeux, et lance des sujets. Pourquoi lui, quelle chimie, quelle préférence ?
Les dernières années, sans doute, furent de trop. J’ai dénoncé, sur ces ondes, dans la « Madone des gradins », l’inutilité totale de son rôle lorsque Ségolène Royal, n’aspirant plus qu’à toucher les écrouelles, s’adressait directement aux Français, le journaliste PPDA n’étant plus là que pour passer les plats, donner la parole à Cédric, de Reims, ou Fatima, de Toulon. Dans le dernier grand entretien avec Sarkozy, aussi, on avait l’impression que PPDA dormait, n’était pas là, ne s’intéressait pas au plateau.
Reste un journaliste qui m’aura toujours impressionné par sa facilité. Reste, surtout, à s’interroger sur ce rôle de présentateur des grands journaux télévisés. Quelle part de vie, de surprise, d’autorité sur les sujets ? Combien de temps, encore, pourra durer cette notion de grand-messe, à une époque où chacun d’entre nous, de plus en plus, reçoit les infos, et même les images, en flux continu, toute la journée, sur son portable, et un jour sur sa montre ? Cet homme, ou cette femme-tronc, qui nous dispense à heure fixe le bréviaire de ce qu’il faudrait retenir, n’appartiennent-ils pas déjà au passé ?
Des journalistes, à coup sûr, il en faut, plus que jamais. Des médiateurs. Avec leur personnalité, leur parcours, leur culture. Mais le temps des récitants est peut-être révolu. Je ne suis pas sûr qu’il faille absolument s’en plaindre.