Édito Lausanne FM – Jeudi 29.11.07 – 07.50h
Ils étaient venus rencontrer la presse, il y a quelques semaines, avec de noirs regards de procureurs. La démocrate-chrétienne saint-galloise Lucrezia Meier-Schatz en tête, ils allaient faire tomber Christoph Blocher. Une affaire incroyablement mise en scène, en pleine campagne électorale, relayée à grand fracas par certains médias d’un certain groupe. Sur le plateau télé d’une certaine émission, en Suisse romande, un rédacteur en chef, transmué en procurateur de Judée, annonçait à Christoph Blocher qu’on allait voir ce qu’on allait voir. Le pays entier avait l’impression que les justiciers arrivaient. Zorro était à Berne.
Aujourd’hui, tout s’écroule. Et cette fameuse sous-commission du National, chargée de faire la lumière sur les prétendus rapports du ministre de la Justice avec le banquier Oskar Holenweger, à Berne, rase les murs. Hier, elle a reconnu des « erreurs de communication ». Elle admet que ce qui a été dit à la presse, ce fameux 5 septembre, n’aurait pas dû donner prise à des spéculations. La présidente de cette sous-commission, Lucrezia Meier-Schatz, aurait dû « communiquer avec plus de réserve ».
« Communiquer avec plus de réserve » ! Dieu qu’en termes galants, et indulgents envers soi-même, ces choses-là sont dites. Je vois encore l’immense majorité de mes chers confrères embrayer comme au quart de tour sur le thème de Blocher scélérat, de Blocher anti-démocrate, de Blocher traître à la patrie. Et il fallait voir la gravité de leurs visages. Et il fallait lire ces éditos de Pères-la-Morale et de redresseurs de torts. Et un conseiller fédéral, pourtant parmi les meilleurs, allait jusqu’à parler de « Duce » et de « fascisme ». Tout cela parce que la sous-commission de Madame Meier-Schatz n’avait pas « communiqué avec assez de réserve ».
Oui, dans cette affaire, il y a eu dérapage. Oui, il y a eu instrumentalisation de conclusions erronées et précipitées de la sous-commission, à des fins politiques. Que les ennemis de Christoph Blocher fassent tout pour le faire tomber, c’est la règle du jeu, en politique. Mais qu’autant d’éditorialistes aient pu, à ce point, foncer dans le panneau, c’est un peu inquiétant. Reste qu’aujourd’hui, la présidente de la sous-commission de gestion doit tirer les conséquences politiques de cette affaire. La crédibilité de Madame Meier-Schatz ne lui permet plus de conserver son poste, dans les années qui viennent.