Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Liberté - Page 1071

  • Novembre 1918: la clef pour tout comprendre

    200px-VerratenesVolk.jpg
     

    Samedi 17.08.13 - 16.46h

     

    Hier soir, assez tard, sur la chaîne Toute l'Histoire, passionnante émission sur les tout derniers jours (fin octobre, début novembre 1918) de la Grande Guerre, sur le front franco-allemand, ou plus exactement le front des Alliés (avec Foch comme généralissime) contre les redoutables armées du Kronprinz.



    Peu de gens le savent, même si les plus grands historiens, comme Pierre Miquel, le rappellent régulièrement: tout s'est joué au dernier moment. Des deux côtés, on s'attendait à un nouvel hiver de guerre, on n'entrevoyait pas d'issue avant le printemps 1919. L'armistice du 11 novembre 1918 fut une surprise pour presque tout le monde.



    Même l'ultime offensive alliée, qui renouait enfin avec la guerre de mouvement, fut beaucoup mieux contenue par les Allemands qu'on ne le dit souvent. Assurément, la défaite ne fut pas militaire, mais politique. Dissensions entre le Reichstag et Ludendorff, mise à l'écart du Kaiser, rôle des sociaux-démocrates, Révolution allemande le 9 novembre, avant-veille de l'armistice.



    Tout cela, l'émission d'hier le rappelle admirablement. On sait à quel point Hitler, dès 1919 et infatigablement jusqu'au 30 janvier 1933, date de sa prise de pouvoir, accusera les "hommes de novembre 1918", les accablant de tous les torts. La fameuse thèse du "coup de poignard dans le dos". C'est un thème majeur des nationalistes allemands, pas seulement nazis, pendant toute la République de Weimar.



    L'émission d'hier m'a donné envie de relire deux ouvrages qui m'avaient fasciné naguère: d'abord "Die Geächteten", les Réprouvés, d'Ernst von Salomon, qui commence dans la pagaille des démobilisés de novembre, décembre 1918, et la naissance des premiers corps-francs. Et puis, surtout, un chef d'oeuvre littéraire, "November 1918", d'Alfred Döblin, l'un des plus grands romans allemands de la première partie du vingtième siècle. Période n'en fut pourtant pas avare, c'est le moins que l'on puisse dire.

     

    Comprendre novembre 1918, côté allemand, dans un pays en totale effervescence, entre Spartakistes, nationalistes et sociaux-démocrates, c'est saisir un grand nombre de clefs pour comprendre la tragédie qui se produira vingt ans plus tard.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La Drôle de Guerre

    928160.jpg 

    Sur le vif - Vendredi 16.08.13 - 18.47h.

     

    Au moins dix personnes, depuis le début de la semaine, me demandent mes pronostics pour les élections du 6 octobre, voire celles du 10 novembre. A tous, j'adresse la même réponse: JE N'EN SAIS STRICTEMENT RIEN ! La vraie campagne n'a même pas encore commencé, nous n'en sommes qu'à la Drôle de Guerre, vous savez celle où l'on s'épie, se toise, teste des rumeurs, joue avec les nerfs. Parfois, de nuit, deux patrouilles adverses s'égratignent, mais en réalité rien de décisif ne se produit. Lisez Sartre, les Carnets de la Drôle de Guerre, c'est magnifiquement écrit. Ou Julien Gracq, dans un style de génie.



    Normal. C'est trop tôt. Parodiant l'Ecclésiaste, nous dirons qu'il y a un temps pour la Drôle de Guerre, et un temps pour la Guerre tout court. Il y a un 2 septembre 1939, et un 10 mai 1940. Un temps pour la guerre de position, tranchées ou Maginot, un temps pour l'offensive. Ce temps-là, qui ne manquera pas d'arriver, n'est pas encore venu. Et l'attaque décisive, nul ne sait d'où elle viendra.



    Et puis, de toute manière, tout pronostic est Dieu merci impossible. La campagne appartient à ceux qui la mènent, tous partis confondus. A leurs puissances de vision et de stratégie, leurs capacités d'alliances, leurs analyses de terrain. Et tout se jouera dans les dernières lignes droites.


    Tout le reste n'est que supputations. Allez, je poste ce blog à 1847h. L'heure exacte du Sonderbund.

     

    Pascal Décaillet

     

  • La leçon de Jacques Vergès

    verges_jacques_old.jpg 

    Sur le vif - Vendredi 16.08.13 - 01.34h

     

    Prodigieuse leçon que celle de Jacques Vergès, qui nous quitte à l’âge de 88 ans. La leçon d’un homme libre. La leçon d’un homme seul. La leçon d’un immense avocat, d’un courage exemplaire. Franchement, défendre les gens du FLN en pleine bataille d’Alger, alors que la grande majorité de l’opinion publique demeure favorable à l’Algérie française, et à la peine de mort, il fallait un cran difficile à imaginer aujourd’hui. Mieux : défendre Barbie à Lyon, la ville même où le nazi avait sévi, torturé Jean Moulin, envoyé à la mort les enfants d’Izieu, il faut là un goût de la posture minoritaire totalement au-dessus du commun.

     

    Vergès nous rappelle que tout prévenu, même accusé des pires crimes, a droit à un avocat. Et que le rôle de l’avocat, parfois contre tous, contre la toile d’araignée de l’opinion publique, est simplement de défendre son client. Et que cette défense passe par la tentative, intellectuelle mais sans doute aussi spirituelle, de le comprendre.

     

    À cela s’ajoute une puissance de persuasion hors du commun. Un verbe précis, rapide, fulgurant, un discours comme la foudre. Le génie du plaideur, à l’état pur.

     

    Cet homme incroyable s’en va avec les innombrables mystères de sa vie, peut-être l’immensité d’une solitude, qui sait ? Des êtres, nous ne savons rien. De nous-mêmes, moins encore. Mais c'est, paraît-il, une autre affaire.

     

    Pascal Décaillet