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Liberté - Page 1019

  • Madrid, dix ans après

     

    Sur le vif - Mardi 11.03.14 - 17.03h


    Il y a, jour pour jour, dix ans, je m'envolais pour Madrid, pour une édition spéciale de Forum, réalisée en direct au milieu de la foule, le soir même de l'attentat de la gare d'Attocha. Nous avons fait une heure d'émission, place de Castille, au milieu des Madrilènes sous le coup de l'émotion et de l'incompréhension. Pendant notre direct, un journal gratuit, distribué à la population, avançait un peu vite la thèse de l'ETA.



    L'attitude des Madrilènes, comme celle des gens de Nanterre au soir du drame du 27 septembre 2002 (un forcené avait tiré sur les élus municipaux), avais forcé mon admiration. Dans les deux cas, une communauté humaine sous le choc de la violence extrême. Mais une communauté qui dit non à la fatalité. Qui se ressaisit. Affirme avec puissance sa volonté de continuer à vivre un destin commun. Avec des règles. Des joies communes. Des peines communes.



    Finalement, une victoire de la vie.



    Le soir, nous étions allés sur les lieux du drame.


    Aujourd'hui, dix ans après, mes pensées vont aux victimes. A leurs proches. Et à la ville de Madrid. Qui nous avait donné une leçon. Ce jour-là, la fierté hispanique n'a jamais été aussi belle.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Ecopop : chacun en conscience

     

    Sur le vif - Dimanche 09.03.14 - 16.34h

     

    Avec Ecopop, cette initiative sur laquelle nous devrions nous prononcer avant la fin de l’année, c’est reparti comme en quarante. Le Conseil fédéral, nous dit-on, ne veut pas de cette initiative. On va aussi nous dire que les Chambres fédérales n’en veulent pas. Tout cela sera certes exact, mais le problème – toujours le même – c’est que l’avis du Conseil fédéral et celui du Parlement n’ont pas beaucoup d’importance dans une initiative.

     

    Une initiative, dans notre démocratie suisse, est un défi lancé au peuple par une fraction du peuple. Lancé à l’ensemble du corps électoral, par un tout petit groupe, au départ, un comité d’initiative. Le but ultime n’est absolument pas de convaincre le Conseil fédéral, ni les Chambres, traditionnellement hostiles à cette démocratie directe qui vient les déranger. Et pour cause : si, d’en bas, on ressent la nécessité de procéder par voie d’initiative, c’est parce que les problèmes concernés ont, du point de vue des initiants, été négligés par les élus. Une initiative est bel et bien, chez nous, un mécanisme correctif à la gouvernance législative ou exécutive. Nos voisins nous l’envient. Et ils ont raison.

     

    Malgré tout cela, l’immense majorité des médias, SSR en tête, insistent de façon appuyée, non sur une présentation de l’initiative, mais sur son rejet par les corps constitués. Le point de vue de ces derniers n’est pourtant qu’un indicateur parmi d’autres. Il n’a pas à être à ce point mis en valeur. Une initiative, c’est une affaire du peuple avec le peuple. Le peuple, face à lui-même : qu’on lui laisse au moins cela, dans un système où la démocratie représentative a déjà pris tant d’importance.

     

    Pour ma part, je considère Ecopop comme la votation la plus importante de notre calendrier démocratique. J’aurai largement, dans les mois qui viennent, l’occasion d’y revenir. J’encourage, comme chaque fois, chaque citoyenne, chaque citoyen à se forger sa décision par lui-même. La traditionnelle démolition du texte par le pouvoir en place, relayée par la SSR et la majorité des médias, sans parler d’Économie Suisse, nous renvoie à notre responsabilité individuelle de citoyen. J’emprunte ce terme à la terminologie de mes amis protestants. Parce qu’en politique, je crois dur comme fer à la conviction indivisible de chaque unité de vote. La vôtre, la mienne, la nôtre à tous.

     

    Ah, au fait, puisqu’on parle d’Économie Suisse : adversaires d’Ecopop, n’hésitez pas à lancer à nouveau ces fins limiers de la rhétorique politique. On connaît désormais leur redoutable efficacité.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Pour une droite populaire et sociale

     

    Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 07.03.14


     
    La droite suisse a perdu son âme. Réduite, depuis deux décennies, au seul culte de l’Argent, elle n’a plus conscience des valeurs qui constituent ses différentes souches. Peu de radicaux sont encore capables de tenir un discours sur le Freisinn, la liberté individuelle, la responsabilité, le rôle et la dimension de l’Etat. Peu de démocrates-chrétiens peuvent vraiment – autrement que par des lieux communs – articuler une réflexion sur les fondements philosophiques de leur parti. On ne leur demande pas de lire en latin les encycliques de Léon XIII, mais enfin quelques notions sur ce qui différencie leur parti du reste de la droite, oui. Quant aux gens de l’UDC, joyeux d’appartenir à une communauté (Gemeinschaft), on est heureux de leur félicité, mais on se dit qu’un brin de développement conceptuel n’est pas nécessairement interdit.


     
    Les droites suisses (le pluriel s’impose) ont énormément souffert de l’empire exercé sur les consciences, depuis une bonne vingtaine d’années, par le libéralisme. Oh, pas celui d’Olivier Reverdin, qui fut mon professeur, mais celui du seul profit bancaire, de la primauté accordée aux actionnaires au détriment des travailleurs, du gain facile, virtuel, comme si l’argent tombait du ciel. Tout cela, me direz-vous, a commencé à s’effondrer. C’est vrai, mais le mal est fait. Dans les esprits, il n’y aurait de droite que celle du casino, ou alors celle des conservateurs. La réalité est plus complexe. On peut être de droite avec une profonde conscience sociale, un respect du travail et des travailleurs, l’acceptation d’un État fort.


     
    On peut être de droite, aussi, avec cette bonne humeur, cet amour des gens qu’on ne trouve pas exagérément, depuis trop d’années, chez les notables, y compris d’ailleurs socialistes. Aimer la politique n’oblige personne à faire la gueule. Pour ma part, je veux une droite populaire et sociale, très proche des gens, enthousiaste, aimant le pays, soucieuse de justice, respectant la nature et notre patrimoine. Toutes choses qui sont ancrées en elle, et dont il n’est pas question de laisser le monopole à la gauche. Là où le libéralisme du gain virtuel a échoué, réinventons l’appartenance républicaine. La fraternité, c’est pour tous les humains. Pas seulement pour la moitié d’entre eux.


     
     
    Pascal Décaillet