Sur le vif - Dimanche 05.01.25 - 18.25h
En quoi une "Commission sénatoriale américaine" a-t-elle la moindre leçon à donner à notre pays sur les choix de clientèle de l'une de ses banques, il y a plus de 80 ans ? S'il y a nécessité d'investigation, cela doit être l'affaire des historiens. Et non le fruit, comme il y a trente ans, d'un chantage politique de certains milieux américains sur la souveraineté suisse.
Il n'est absolument pas question de repartir, tête baissée, vers une nouvelle affaire des "fonds en déshérence". Je dirigeais la rubrique nationale de la RSR, il y a trente ans, lorsque cette affaire avait éclaté, nous l'avons traitée de fond en comble, j'ai même couvert en direct à Berne la session spéciale du Parlement sur le Rapport Bergier.
D'un bout à l'autre, cette affaire a été détestable. Non quant au travail des historiens, mais quant à l'intensité des pressions américaines sur la Suisse. Et surtout, quant à la position ridiculement défensive de la Suisse officielle de l'époque (années 90), toujours un coup de retard, toujours à s'excuser, toujours à sanctifier les donneurs de leçons de l'Oncle Sam !
Non, il n'est pas question de repartir dans un tel psychodrame. Et je suis assez optimiste, car il y a une chose que nos moralistes de la Côte-Est américaine doivent savoir : la Suisse de 2025 n'a absolument aucun rapport avec celle de 1995. Son opinion publique a changé. Son rapport à la souveraineté a prodigieusement progressé, en tout cas dans le peuple, oui les couches populaires, patriotes, bosseuses, attachées au pays.
Transparence historique oui, bien sûr, sur cette affaire comme sur n'importe quelle autre ! Mais courber l'échine, crever de trouille face aux pressions d'une "Commission sénatoriale" (dont on se réjouit de connaître les attaches, les obédiences, les liens d'intérêts), ça c'est totalement exclu.
Mesdames et Messieurs les moralistes de la "Commission sénatoriale", la Suisse a changé, en trente ans. Des forces telluriques, patriotes, souverainistes, sont montées dans le pays. Elles ne se laisseront pas faire, comme les élites politiques lâches et flasques d'il y a trente ans. Elles sauront, croyez-moi, vous répondre, le jour venu.
Pascal Décaillet