- Page 2
-
Sur le vif - Jeudi 20.04.23 - 13.18h"A l’inverse, Lionel Dugerdil, novice en politique, s’est montré un cran en dessous." Hallucinante de fausseté et de mauvaise foi, cette appréciation provient d'un papier du Temps sur le débat (excellent, au demeurant) mené hier soir par Jérémy Seydoux et Sylvia Revello.A aucun moment, je dis bien aucun, le candidat de l'UDC n'a été en difficulté dans ce débat. Toute sa campagne, depuis janvier, est au contraire celle d'un homme d'action, souriant, attachant, entrepreneur dans l'âme, chevillé à son terroir tout en ayant les idées larges. Cette campagne est une réussite, tout comme l'était déjà celle de son colistier du premier tour, Michael Andersen.Je vais vous dire. J'ai voté pour cinq noms. Le premier - et le seul - pour qui j'ai voté spontanément, c'est M. Dugerdil, tant il correspond à la plupart de mes points de vue en politique, notamment sur le protectionnisme agricole, l'urgence de réguler les flux migratoires, la nécessité de réformer l'Etat et ses armadas de fonctionnaires. Les quatre autres noms, je les ai cochés avec une froideur toute tactique.M. Dugerdil, ça n'était pas par calcul. Ca surgissait d'une sympathie réelle. D'une confiance citoyenne. Et d'une intime conviction.Pascal Décaillet
-
Pour une politique par objectifs!
Sur le vif - Jeudi 20.04.23 - 09.34hEn toutes choses, j'ai toujours cru à la gestion par objectifs. Dans mon activité professionnelle (près de 40 ans de journalisme), je l'ai non seulement promue (contre vents et marées !), mais pratiquée moi-même. Notamment dans mes longues années à la radio.En politique aussi, je soutiens cette approche. Vous connaissez mon scepticisme face aux partis, même si j'en connais l'Histoire à fond (Suisse, France, Allemagne notamment), et si j'en respecte les membres. Je comprends bien qu'il faille des fédérateurs d'idées, mais les choses sont en train de changer, et très vite.En Suisse, pays de démocratie directe, le personnage le plus important n'est pas l'élu, surtout pas, mais le citoyen, la citoyenne. C'est de lui que tout procède. Il a la légitimité. Il a le dernier mot. Il peut lancer des initiatives, des référendums. Tant de pays, autour de nous, à commencer par nos amis français, aimeraient parvenir à un système qui se rapproche de ce modèle. En France, sur les retraites, on est soit avec Macron, soit dans la rue. En Suisse, on s'oppose par voie institutionnelle. La démocratie directe est une institution, parmi d'autres.La très grande maturité des citoyens et des citoyennes, en Suisse, relativise l'importance fédératrice des partis politiques. Les moyens de communication ont radicalement changé, chacun s'informe comme il l'entend, principalement sur les réseaux sociaux. Les journaux ne sont plus des chapelles. Les partis ne sont plus des églises. Chaque citoyen, à fois atomisé et universel, est un monde en soi. Chacun peut tenir son journal, ici même par exemple. Chacun peut s'engager, sans pour autant adhérer à vie à une paroisse de pensée.Alors oui, la gestion par objectifs, plutôt que la déclaration d'appartenance ou de fidélité à une ligne directrice figée une fois pour toutes, c'est la politique de demain. D'ailleurs, en Suisse, elle existe déjà. Non chez les élus, mais chez les citoyens. S'engager dans un comité d'initiative, par exemple, c'est mettre toutes ses énergies au service d'un thème, d'un rendez-vous, un beau dimanche, avec le souverain. Et non passer sa vie à user les fauteuils dans les séances de comitards d'un parti, ourdir dans des Assemblées, jouer un clan contre l'autre, bref tout ce que la cuisine politique peut avoir de saumâtre.Que veulent les gens ? De l'efficacité. Des actes. Dans notre magnifique Histoire suisse depuis 1848, il y a eu un jour (1891) le droit d'initiative. Un jour (1919), la proportionnelle. Un jour (1947), l'AVS. On ne fédère pas une cohésion nationale avec des paroles, mais avec des réussites collectives. Pour cela, nous avons besoin d'hommes et de femmes tournés vers l'action, sans pour autant zébulonner dans tous les sens. Les paroissiens, qu'ils restent dans leurs paroisses. Et qu'ils nous organisent, une fois l'an, de belles kermesses. Comme celle du Muguet, par exemple. Avec cet incomparable parfum de sous-bois où, chaque année, renaît le désir et recommence la vie.Pascal Décaillet -
Le DIP : à droite, toute !
Commentaire publié dans GHI - Mercredi 19.04.23
Le Département de l’Instruction publique doit être repris par la droite. C’est un enjeu majeur, essentiel, à vrai dire le plus important de la prochaine législature. Et je vais être encore plus précis : il faudra, pour remettre à flots ce navire sinistré, une droite d’Etat. Une droite cultivée, imprégnée de valeurs républicaines, passionnément attachée à la transmission des connaissances. Une droite qui connaisse l’Histoire de l’Ecole, du moins depuis la seconde partie du dix-neuvième siècle, ses enjeux, ses grandes figures : Jules Ferry en France, les grands radicaux à Genève, et aussi bien sûr le socialiste André Chavanne. Voyez, je ne suis pas sectaire.
Bref, surtout pas la droite libérale, qui n’a pas laissé un très bon souvenir entre 1993 et 2003. Et surtout pas le Marais centriste (pour peu qu’il soit reconduit à l’exécutif), parti peu vertébré sur les questions scolaires. Non, je vous le dis : il faut un parti ayant le sens de l’Etat ! Un parti historique, ayant fait Genève, et fait la Suisse moderne.
Le chantier est immense. Placer la connaissance au centre de tout. Valoriser l’apprentissage. Faire confiance aux directions d’établissements, aux équipes sur place. Ne pas tout régenter par des états-majors colbertistes et pléthoriques. Ce Département a besoin de confiance, de respiration, de joie de vivre : pourquoi diable l’École, un domaine aussi génial, devrait-elle être un lieu d’ennui ? Quel que soit le futur chef (ou cheffe) du DIP, je lui souhaite sincèrement bonne chance. Tout Genève aura ses regards portés sur lui.
Pascal Décaillet