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  • Régies : l'oreille tirée aux grognards

     
    Sur le vif - Mercredi 20.12.23 - 15.43h
     
     
    Ecoeurant, pathétique, le système de copinage, unique au monde à Genève, qui prévaut dans les nominations à la tête des grandes régies. Deux mercredis consécutifs, le 13 décembre et aujourd'hui, le Conseil d'Etat a publié la liste des heureux élus. Présidents et membres des Conseils d'administrations de ces corps du "Grand Etat".
     
    L'exemple le plus hallucinant est celui de Robert Cramer, l'homme devant qui tout Genève se prosterne depuis des décennies, même les libéraux, même certains UDC : "Que veux-tu, il est sympathique."
     
    Robert Cramer, donc, après avoir occupé tous les mandats de la République, Conseiller d'Etat, Conseiller aux Etats, Président du PAV (ce qui était déjà un placard pour services rendus et barbichettes dûment tendues), se voit catapulté à la Présidence des...... SIG !
     
    C'est une erreur. Et c'est une faute. C'est une nomination d'un autre âge, la sienne et celle de toute une série de Verts de son ban et de son arrière-ban, dont certains fondateurs, comme lui, de ce parti, il y a une quarantaine d'années. La récompense aux fidèles. L'oreille tirée aux grognards. Et grognardes.
     
    Nous sommes à la veille de 2024. A Genève, dans toute la Suisse, l'idéologie Verte a reculé. Aux élections fédérales, moins d'un Suisse sur dix a voté pour les Verts. Le retour au nucléaire, à pas de géants, progresse dans les discussions. Les budgets somptuaires, délirants, votés pour l'ineffable "transition énergétique", sont partout revus à la baisse. Partout en Suisse, tout en étant favorable à l'environnement, on redevient raisonnable, on parvient à s'extraire le venin d'une idéologie de fin du monde qui avait envoûté une partie de la population. Et c'est ce moment que choisit le Conseil d'Etat, pour une simple et mécanique raison de barbichettes, pour installer Robert Cramer à la tête des Services industriels genevois.
     
    Que l'actuel Conseiller d'Etat Vert ait poussé à cette nomination, c'est bien normal, c'est le jeu. Mais les six autres ! Les quatre de droite ? Aux fraises ? Les yeux fermés ? L'autruche ? On fait semblant de ne pas voir, pour ne pas avoir d'ennuis lorsqu'il s'agira de faire passer les siens, à la tête d'une autre régie. Oui, ce système est pathétique. Oui, il est écœurant.
     
     
    Pascal Décaillet
     

  • Immigration : la récréation est finie !

     
    Sur le vif - Mercredi 20.12.23 - 08.51h
     
     
    Les Français veulent enfin réguler sérieusement l’immigration. Il leur a fallu des décennies pour s’y résoudre. Des années perdues, à force de nier le problème.
     
    Nous les Suisses, nous avons donné, peuple et Cantons, aux autorités fédérales un mandat constitutionnel dans ce sens, le dimanche 9 février 2014. Sa mise en œuvre a été dénaturée par le Parlement. Voilà ce que les corps intermédiaires font des décisions du souverain.
     
    Maintenant, la récréation est terminée. Les frontières, on les restaure. Les contrôles, on les systématise. L’Italie, on l’aide sans état d’âme dans sa politique migratoire. L’immigration, on la choisit. Les salamalecs sur l’enrichissement culturel, on les balance aux orties.
     
     
    Pascal Décaillet

  • Christian Grobet (1941-2023) : un homme d'Etat

     
    Sur le vif - Lundi 18.12.23 - 14.25h
     
     
    Christian Grobet, qui vient de nous quitter à l'âge de 82 ans, était l'un des très rares politiques que j'ai connus à mériter le nom d'homme d'Etat. Il y avait lui, il y avait Delamuraz, il y avait Furgler, il y avait Tschudi. Pour ne prendre que la Suisse, bien sûr.
     
    J'ai fait la connaissance du député socialiste Grobet il y a 45 ans. Le Journal de Genève, pour lequel je rédigeais des piges à côté de l'Uni, m'avait envoyé couvrir un débat politique, un soir, dans un bistrot des Pâquis. Il y avait Grobet. Il m'avait impressionné par sa précision, sa ténacité, son sens du concret.
     
    Trois ans plus tard, en 1981, il accédait, pour douze ans, au Conseil d'Etat. C'est dire que pendant quatre ans, il y eut Chavanne et lui, dans la même équipe. Je n'ai jamais été socialiste, mais j'ai toujours admiré ce vieux parti de notre Histoire politique suisse, quand il combat pour la justice sociale, ce qui est tout de même son ADN. Je suis moins sensible, on le sait, à la dimension sociétale, plus récente, moins populaire à mes yeux.
     
    Au Journal de Genève, dès le milieu des années 80, on m'envoyait couvrir les projets de grands chantiers. Une "conférence de presse" de Christian Grobet, en ces années-là, c'était monter dans son bureau, quatre ou cinq journalistes, guère plus, au sixième ou septième étage de la rue David-Dufour. Grobet dépliait une carte de chantier, et nous expliquait ce qu'il comptait faire ! C'est tout. Par chance, j'avais appris, enfant, à lire une telle carte : mon père était ingénieur en génie civil, je l'ai suivi tant de fois sur les chantiers.
     
    Grobet, un homme d'Etat, pourquoi ? Il était socialiste, et diablement ancré. Mais je vous jure que, toute sa vie, il a agi au nom de l'intérêt supérieur des habitants du Canton, ou tout au moins ce qu'il se figurait tel, et non en fonction de préférences partisanes.
     
    Un homme d'Etat, pourquoi ? Jamais, de toute ma vie, je n'ai entendu cet homme parler d'autre chose que de l'objet politique même qui l'occupait, et justifiait notre rencontre, pour une interview. Il était un torturé du sujet, il traitait le thème et rien d'autre, il agissait en bâtisseur, au service de Genève.
     
    Un homme d'Etat, pourquoi ? Les années 80 étaient, à Genève, de grande puissance libérale, surtout dans les milieux immobiliers. Grobet, avec son jacobinisme volontariste, était au fond un homme très seul. Sans un caractère inflexible, celui du plus grand combattant qu'il m'ait été donné de connaître en politique, il n'aurait jamais pu s'imposer. Il fut contesté, vilipendé (notamment par ma si chère et si talentueuse consoeur Françoise Buffat, hélas elle aussi disparue), mais nul ne contestait son envergure.
     
    Christian Grobet respirait l'Etat. Il était en altitude d'Etat. Il était un homme de devoir et de rectitude, un guerrier d'un courage indépassable. Je n'ai pas connu Willy Brandt, ni Pierre Mendès France. Mais Grobet était de cette trempe-là. Puisse Genève se souvenir de lui comme l'un de ses serviteurs les plus ardents, les plus méritants.
     
    A son épouse, sa famille, ses proches, ma plus vive sympathie.
     
     
    Pascal Décaillet