Commentaire publié dans GHI - Mercredi 28.04.21
Rapperswil, Altdorf, Liestal : trois paisibles bourgades de notre beau pays. Rapperswil, dans le canton de Saint-Gall. Altdorf, chef-lieu d’Uri, avec sa place centrale et sa statue de Guillaume Tell. Liestal, capitale du demi-canton de Bâle-Campagne. Pas vraiment l’ambiance Quartier Latin, Mai 68, jets de pavés, combats contre les CRS !
Rapperswil, Altdorf, Liestal : le réveil, pourtant, d’une Suisse profonde. Une Suisse en colère. Une Suisse qui n’en peut plus de la gestion politique de la crise sanitaire. Tous ne contestent pas les mesures, loin de là. Mais les gens en ont marre : changements d’avis continuels, mouvement de yoyo pour les cafés-restaurants, autoritarisme de Berne. Certes, ça n’est pas la France, qui est allée beaucoup plus loin que nous dans la coercition. Mais ça n’est pas la Suisse. Nous avons, entre nous, et c’est notre richesse profonde, des tonalités de respect, de mesure, d’attention aux libertés citoyennes, qui sont la grandeur de notre pays.
Rapperswil, Altdorf, Liestal : qui d’entre nous, habitué aux manifestations en théâtre urbain (Genève, Lausanne, Berne, Zurich), eût imaginé que les grandes colères de 2021 vinssent des petites villes de notre Confédération ? On est très loin des manifs de bobos, ou des liturgies de kermesses annuelles de la gauche des grandes villes, comme les processions du 1er Mai. On est dans une rage viscérale de la Suisse profonde, sans doute beaucoup de monde des classes moyennes. Dans notre pays, la colère a changé de camp.
Pascal Décaillet