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Genève a besoin d'un souffle radical

 
Sur le vif - Vendredi 30.10.20 - 15.31h
 
 
Ce qui manque, à Genève, avec ou sans Maudet, c'est un parti radical. J'ai bien dit "radical". Le parti des racines. Le parti de la République. Le parti des gens qui travaillent, petits artisans, indépendants, ceux qui triment pour leur entreprise. Le parti qui s'occupe des affaires de l'Etat, et non de la vie privée des gens, encore moins de leurs options spirituelles. Le parti qui sépare les Ordres, sans faire de cette césure une religion en soi.
 
Dans le putsch interne anti-Maudet, avant-hier, avec ces visages couleur traître, cette basse besogne camouflée sous de doctes discours de RH, ces grands airs de moralistes, il y avait la réalité d'une exécution. L'un des aspects de cette liquidation, c'est la vengeance parachevée des libéraux, après quinze ans de couleuvres dûment avalées, avec les compliments du Cercle Fazy-Favon.
 
Les signes de ce règlement de comptes se multiplient : la FER jubile, la CCIG enrage, la libérale demeure, le radical est acculé à partir, tout se tient.
 
Genève a besoin, plus que jamais, de la pensée et de l'action radicales. De James Fazy à Guy-Olivier Segond, en passant par tant d'autres, cette philosophie politique-là, inspirée du Freisinn économique davantage que des Lumières françaises, ou de l'Aufklärung, a encore tant à nous apporter. Encore faut-il qu'elle se concentre sur l'essentiel : la vitalité d'une économie au service de l'humain, réelle et non virtuelle, fruit de l'effort et non de l'attente du rendement, imaginative, prospective, créatrice.
 
Telles furent longtemps, à Genève, les priorités du radicalisme historique. Vouloir y greffer une version française, déifiant la loi de 1905 au point d'en faire un dogme, vouloir ancrer cela, il y a deux ou ou trois ans, dans une loi inutile, fruit de l'esprit cadastré des géomètres, n'a pas arrangé les choses. Cette loi déracinée, n'intéressant quasiment personne à Genève, a fait perdre du temps au radicalisme économique, celui des petits patrons, des indépendants, des artisans, le gens du vrai travail, du vrai mérite.
 
Genève a besoin de réinventer le radicalisme. Et d'accepter dans ses rangs le protectionnisme, banni par les libéraux. Mais aussi, la préférence aux résidents. Mais encore, le contrôle des flux migratoires. Bref, une jonction entre la grande philosophie radicale et les mouvements plus patriotes, affectivement attachés au Canton et au Pays, est hautement souhaitable. A moins qu'on n'entende, à l'infini, continuer de déléguer l'amour du pays à la sous-traitance romande d'une vision purement alémanique, fondée sur les récits du treizième siècle. Comme si, entre-temps, il n'y avait pas eu la Révolution française !
 
Visages couleur traitre, oui, à la conférence de presse des Six Autres, avant-hier. Ils incarnaient toute la triste horizontalité de la Restauration, entre fatigues patriciennes, arrogances déchues, et servilité face à des puissances financières dont l'amour de la Patrie n'est pas toujours l'attribut le plus évident.
 
 
Pascal Décaillet

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