Sur le vif - Vendredi 09.10.20 - 06.40h
Un gouvernement n'est pas là pour gérer, peinard, les affaires courantes. Mais pour s'engager sur un objectif à atteindre. S'il y parvient, c'est bien. Sinon, il faut donner sa chance à une autre équipe.
Regardez Pierre Mendès France, le seul véritable homme d'Etat de la Quatrième République. Investi par la Chambre le 18 juin 1954, il se donne un mois, devant les députés, pour trouver une solution à la question indochinoise. Sinon, dit-il, je pars. Il prend ses fonctions, travaille d'arrache-pied. Un mois plus tard, il signe les Accords de Genève. Et met fin à la Guerre d'Indochine.
Voilà un homme qui a pris un risque, inouï. Donné sa parole. Tenu parole. L'essence d'or du pacte républicain : le mérite, la vertu (virtus), la confiance.
Ce petit homme à la grande âme, qui avait été ministre des Finances de Charles de Gaulle à la Libération, ne restera aux affaires que jusqu'au 7 février 1955. Puis, plus rien. Plus jamais au pouvoir, jusqu'à sa mort, en 1982.
Un gouvernement, de gauche comme de droite, ça doit être un pari sur une action. Si on échoue, on part. On ne reste pas là, éternellement, à gérer en silos des Départements, chacun dans son coin, sans s'occuper de ceux des autres.
Un gouvernement, ça doit être un angle d'attaque, une prise de risque, par un collège indivisible. Ensemble, on réussit. Ensemble, on tombe.
Pascal Décaillet