Sur le vif -Lundi 03.02.20 - 09.41h
Les adversaires d'un Etat palestinien s'imaginent nous convaincre en nous rabâchant une vieille antienne : "La Palestine n'existe pas". D'autres vont même jusqu'à dire : "Les Palestiniens n'existent pas". Cette attitude, visant à annihiler l'adversaire, le réduire au néant dans son Histoire et son identité, est simplement odieuse.
Il est vrai qu'il n'y a jamais eu d'Etat de Palestine. Et c'est bien pour cela qu'il en faut un ! Il est vrai que la solidarité arabe fait défaut, et cela depuis 1948. Et c'est bien pour cela qu'il faut un Etat palestinien ! Pour que l’Égypte, le Liban, la Syrie, la Jordanie aient comme interlocuteur et comme voisin, au Levant, non un amoncellement disparate de "populations", les unes en Cisjordanie, les autres à Jérusalem-Est, d'autres encore sous blocus à Gaza, mais des hommes et des femmes libres, citoyens et citoyennes de ce cadre de dignité, cet échelon de reconnaissance, qui s'appelle un Etat.
Un Etat, pas une "Autorité" paillasson, statut indigne, intermédiaire, inachevé, prétexte à la continuation de l'occupation et des annexions. Politique coloniale à laquelle Trump vient de donner un épouvantable blanc-seing.
Il est tout de même inimaginable que ceux qui, en 1948, se sont tant battus pour la dignité d'un Etat, refusent à d'autres, leurs voisins, leurs frères humains entremêlés sur la même terre, le seul statut qui vaille : celui d'une communauté humaine organisée, avec ses lois, son Parlement, son gouvernement, son drapeau.
Sans doute l'idée palestinienne était-elle fort vague en 1948. Mais 72 ans d'humiliation auront plus fait pour la forger que tous les discours. Lisez, je vous prie, chez Lacouture, l'Histoire de l'idée d'indépendance algérienne depuis 1830, oui depuis cet homme immense qu'était l'émir Abdelkader (1808-1883), jusqu'à 1962. Plus la France colonise, plus la Résistance monte, plus mûrit, chez des hommes comme Messali Hadj et Fehrat Abbas, l'idée d'un Etat algérien.
Les Palestiniens ne demandent pas la Lune. Juste un Etat. C'est si compliqué à comprendre ?
Pascal Décaillet