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  • Heureux pays, aimé et joyeux

     

    Sur le vif - Dimanche 17.11.19 - 15.07h

     

    C'est un miracle, en Suisse, que d'avoir deux Chambres. L'une, le National, pour représenter tous les citoyens, à la proportionnelle (depuis 1919). On l'appelle la Chambre du peuple. L'autre, pour équilibrer cela, et défendre la voix des Cantons : le Conseil des Etats.

    Autant la France, notre voisin et ami, a de sérieuses raisons de se demander à quoi sert exactement sa seconde Chambre, le Sénat. La question de sa suppression avait d'ailleurs été dûment posée par Charles de Gaulle, mais au sein d'un paquet ficelé de façon suicidaire, le fameux référendum d'avril 1969, au soir duquel le Général, séance tenante, quitta la scène. Autant les pays fédéralistes, comme la Suisse ou l'Allemagne (Bundesrat, Bundestag), construisent leur unité et leur survie sur la richesse des équilibres internes.

    Que l'UDC, il y a quelques années, fît une remarquable percée au National, cela ne fut pas confirmé aux Etats. Il arrive, aujourd'hui, à peu près la même chose aux Verts. Le mode électoral n'est pas le même. Le peuple donne un signal, puis affine et corrige quelques semaines plus tard. Ainsi, la présidente nationale des Verts, Regula Rytz, n'est pas élue aux Etats, pour le Canton de Berne, et c'est un UDC, Werner Salzmann, qui passe. Un autre UDC, Marco Chiesa, passe au Tessin, où le PDC, parti historique, perd le siège de Filippo Lombardi.

    Au final, le Conseil des Etats demeurera une Chambre de contrôle. Avec le nouveau souffle d'une Lisa Mazzone ou d'une Adèle Thorens. Mais aussi, les équilibres maintenus, avec des partis plus traditionnels. Ainsi va la Suisse, avec sa démarche de crabe, qui nous met tout autant à l'abri de la Restauration bedonnante que de la Révolution du Grand Soir. Heureux pays, aimé et joyeux.

     

    Pascal Décaillet

     

  • Frontaliers : un chiffre, un scandale

     

    Sur le vif - Jeudi 14.11.19 - 14.49h

     

    Frontaliers actifs à Genève : ils sont 85'199, soit une augmentation de 4,9% en un an ! Le chiffre est celui de l'Office de la statistique, cité par la Tribune de Genève.

    Désolé si je viens troubler l'ordre libéral ambiant, et la silencieuse quiétude autour de ce tabou, mais ce chiffre est tout simplement hallucinant. Il ne s'agit pas d'en vouloir aux personnes qui viennent travailler à Genève, mais bel et bien à une classe politique qui, après avoir fait un petit effort juste avant les élections du printemps 2018, semble avoir perdu le contrôle de cette folle croissance, malgré les grands discours du ministre de l’Économie sur l'inspection du travail, et la pseudo-application de la préférence cantonale.

    85'199 frontaliers, chaque jour, sur Genève ! Tant qu'il y aura, dans notre canton, une seul chômeur genevois, un seul jeune sans emploi, un seul senior laissé sur le bord du chemin, ce chiffre demeurera un scandale.

    Le principe de préférence cantonale, vilipendé dès 2005 par tout ce petit monde soumis à l'idéologie du libre-échange, par le patronat libéral, par la droite craignant de voir monter le MCG, par les syndicats de la gauche internationaliste, a immensément progressé dans les âmes, en une quinzaine d'années. Même la classe politique la plus arrogante avait bien été obligée d'en reconnaître la nécessité. Et là, patatras : 85'199 ! Ce chiffre est un scandale. Il n'y a, pour l'heure, rien d'autre à dire.

     

    Pascal Décaillet

     

     

  • D'une gauche l'autre

     

    Sur le vif - Jeudi 14.11.19 - 09.12h

     

    Les socialistes, je ne partage pas leurs idées, notamment en matière financière et fiscale, mais je les comprends. J'aime leur Histoire, depuis le milieu du dix-neuvième siècle, elle me passionne, elle appartient totalement au paysage politique de nos pays européens. Dans mon panthéon personnel, il y a les immenses figures sociales-démocrates d'un Willy Brandt, ou d'un Hans-Peter Tschudi. Je partage avec les socialistes les idéaux de justice sociale, de fraternité, de soutien aux plus défavorisés. Je rejette aussi beaucoup de choses, chez eux, dont le pacifisme, l'internationalisme, l'usage des déficits et celui de la dette. Je condamne aussi, avec la dernière énergie, leur tendance à oublier les fondamentaux du social, au profit du sociétâââl.

    Les Verts, je ne les comprends absolument pas. Enfin, si : je comprends - et partage - leur souci de protéger l'environnement. Mais de là à en faire un parti politique, à prétention généraliste ! Surtout, je suis totalement étranger à leur langage, urgence climatique, transfert modal, finance durable : leur liturgie n'opère sur moi aucune magie, je n'y perçois que la ficelle pour enlacer l'électeur. Je n'aime pas, non plus, leurs points communs avec les libéraux dans la surestimation de l'individu au détriment du collectif, encore moins leur utilisation de la morale, quand ça les arrange pour se faire élire : votez climat, ou vous serez responsables de la mort de la planète.

    Les socialistes, je ne suis pas des leurs, mais je les comprends, en profondeur, leur Histoire me passionne. Les Verts, eux, me donnent l'impression de surgir d'une autre planète, d'autres modèles de pensée, d'autres champs de références. Une seule chose, chez eux, m'apparaît avec une totale clarté : l'immensité de leur opportunisme, un jour Fukushima, l'autre jour le climat, pour se saisir des peurs d'un moment, et se hisser vers les attraits du pouvoir.

     

    Pascal Décaillet