Commentaire publié dans GHI - 04.09.19
A longueur de flashes, nos antennes radiophoniques nous abreuvent d’informations sur les manifestations à Hong Kong. Avec un parti-pris immédiatement perceptible pour l’auditeur : un immense capital de sympathie pour ceux qui, là-bas, à des milliers de kilomètres de la Suisse romande, descendent dans la rue pour faire valoir leurs droits. Il n’y en a que pour Hong Kong, et on pourrait, en passant, s’interroger un peu sur les puissances qui, peut-être, seraient derrière ces manifestations.
Le manifestant de Hong Kong est par essence sympathique, puisqu’il remet en cause le méchant régime communiste chinois. De même, tous les Tibétains sont sympathiques, par définition. De même, tous les Kurdes. Tout ce qui est minoritaire, face à un Etat organisé, représente par nature le Bien. Et la machine d’Etat, en face, incarne nécessairement le Mal.
Pour nos beaux esprits, un manifestant a meilleur temps de battre le pavé dans un ancien Mandat britannique en Chine, que revêtu d’un gilet jaune contre la police macronienne. Parce que Macron, c’est le Bien. Il est convenable, pro-européen, libéral jusqu’à la moelle, ami des banquiers, adversaire de la Bête immonde : le gendre idéal. Oser le défier, sur un rond-point de France, c’est se comporter en gueux, casser l’harmonie de l’image, tout foutre en l’air. Alors voilà, autant le manifestant de Hong Kong est à louer, autant son jaune confrère français est à rejeter. La grille de lecture est sauvée. Le manichéisme, aussi.
Pascal Décaillet