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Comment dit-on "caniche" en allemand ?

 

Sur le vif - Mercredi 12.06.19 - 05.51h

 

En se disant prêt à soutenir Mme Merkel comme présidente de la Commission européenne, Emmanuel Macron profère l'une des plus grandes énormités de son mandat, qui n'en est pas avare.

Jusqu'en 1989 (chute du Mur), ou même jusqu'en 1992 (Maastricht), la construction européenne prenait soin de s'opérer sur l'équilibre, le respect des diversités, la mise en valeur des petites nations. On se gardait bien de trop mettre en évidence les deux grands, les deux piliers démographiques et historiques de l'Europe, la France et l'Allemagne.

À partir de l'Acte unique, tout a changé. On a laissé Kohl, qui venait d'avaler la DDR, jouer dans les Balkans un rôle majeur. On a aligné la politique balkanique européenne sur celle des intérêts économiques et stratégiques supérieurs de l'Allemagne. Mitterrand (en lâchant les Serbes) y a porté une responsabilité historique écrasante. Il a fini par jouer, dans les Balkans, la politique de Kohl. C'est cela, cette réalité historique, sous le masque européen, qui s'est produit.

Plus tard, on a aligné l'élargissement à l'Est, précipité et glouton, sur l'accomplissement des intérêts économiques et commerciaux des grandes entreprises allemandes. En Pologne, en Tchéquie, en Slovaquie, dans les Pays Baltes, le géant allemand a pu prospérer. Voies de pénétration traditionnelles de l'influence allemande, déjà avant Frédéric II.

Plus tard encore, lors de l'affaire grecque, Mme Merkel, en saignant ce pays, en l'humiliant publiquement, s'est outrageusement comportée en Chancelière d'Empire. Elle a parlé, agi, comme si elle était la cheffe de l'Europe. Faut-il rappeler ici le souvenir laissé par l'Allemagne sur la Grèce, comme sur les Balkans, entre 1941 et 1945 ?

Dans l'affaire ukrainienne, où nous nous abstiendrons d'évoquer les souvenirs de ces mêmes années 41-45, l'UE laisse l'Allemagne de Mme Merkel, de façon éhontée, soutenir sa politique propre, sous le paravent de l'OTAN. C'est l'une des plus grandes forfaitures des années 2000.

Mme Merkel, digne successeur de Kohl, se comporte en Chancelière d'Empire. Sa vision est celle d'une Europe entièrement construite autour de l'Allemagne. Ce qu'elle cherche à reconstituer, c'est une forme de Saint-Empire, aboli par Napoléon en 1806, au lendemain d'Iéna.

Que M. Macron puisse entrer en matière, une seule seconde, sur l'idée de placer cette femme-là à la tête de l'Europe, en dit long sur l'ampleur de l'ignorance historique de l'actuel locataire de l’Élysée, son inféodation à l'Allemagne, sa mise sous tutelle par Mme Merkel, son inaptitude à penser la nation française, sa résignation à la relégation de la France, face à l'Allemagne.

C'est cela, après les propos de Macron, qui devait être dit. Au nom de la lucidité. Au nom de la vision diachronique des rapports entre les peuples. Au nom de la vérité historique. Et si dire cela doit déplaire, eh bien nous déplairons.

 

Pascal Décaillet

 

 

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