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2019, l'Année des peuples !

 

Sur le vif - Mardi 01.01.19 - 12.14h

 

Les vœux d'Angela Merkel et d'Emmanuel Macron sont des vœux de répit pour l'Ancien Monde. Pitoyables de cécité face aux aspirations montantes des peuples. On dirait les vœux condescendants de la Noblesse et du Clergé au Tiers État, avec un amical tapotement sur l'épaule des Gueux.

 

La Chancelière prône le multilatéralisme, le Président encense l'Europe. Aucun des deux ne parle de la souveraineté du peuple, ni de la cohésion sociale de sa propre nation. Aucun des deux, d'ailleurs, ne parle de nation. Comme si la nation allemande, génialement préfigurée par les Discours de Fichte en 1807 à Berlin, n'existait pas. Comme si la nation française, celle de la Révolution, des Soldats de l'An II, de tant de batailles et de tant de sacrifices, n'était qu'un leurre.

 

Angela Merkel, Emmanuel Macron, sont les phares en extinction d'un monde qui s'en va. Partout en Europe, les peuples se réveillent, comme en 1848. Partout, ils veulent prendre en mains les destinées de leurs nations respectives. Par des procédés de démocratie directe qu'il appartiendra à chaque pays d'inventer, selon son génie propre, celui de son Histoire, de son parcours, en puisant dans ses racines, et surtout pas dans un universalisme abstrait.

 

Cela, c'est l'Europe qui advient. Nous le verrons dès les élections européennes de mai 2019. Face à la puissance tellurique de cette naissance, Angela Merkel et Emmanuel Macron se cramponnent désespérément à l'Ancien Monde, à l'Ancien Régime. Ils en sont encore aux vieilles matrices de pensée de l'après-guerre, avec la bonne vieille démocratie représentative, les bons vieux corps intermédiaires, les bons vieux médiateurs.

 

Tout cela va exploser. Un autre monde surgit. Partout en Europe, dans les décennies qui viennent, progressivement, nation par nation, le poids de la démocratie directe va l'emporter sur la combinazione de la démocratie représentative. Des instruments nouveaux seront peu à peu inventés, permettant au suffrage universel d'influer davantage sur le destin des nations. Les thèmes, petit à petit, l'emporteront sur les personnes, les votations l'emporteront sur les élections.

 

Pour la Suisse, même si 2019 est une année d'élections fédérales (20 octobre), je souhaite que nous parlions mille fois plus des thèmes que des personnes. Tenez, commençons par l'excellente initiative des Jeunes Verts sur le mitage du territoire : voilà un sujet de votation (10 février) qui promet de passionnants débats sur notre rapport au sol, à l'agriculture, aux espaces verts, au paysage : c'est autrement intéressant que de savoir si on va élire Monsieur X ou Madame Y !

 

Avec les candidats aux Chambres fédérales, soyons durs et exigeants : demandons-leur, à chacun, ce qu'ils ont de si génial à apporter au pays, et au fond de quel droit, en vertu de quelles qualités magiques ou supérieures, ils prétendent nous "représenter". Discernons s'ils roulent vraiment pour l'intérêt supérieur de la Suisse, ou plutôt pour eux-mêmes, dans le jeu de pouvoirs des ambitions.

 

Dans tous les cas, rappelons-leur qu'en cas d'élection, ils seront au service du peuple, et non à Berne pour constituer une caste consanguine, copains entre eux, tutoyeurs, partageurs d'intérêts, tout ce qui ruine et dévaste le crédit de la démocratie représentative. Rappelons-leur aussi, avec la dernière énergie, qu'une initiative acceptée par le peuple et les cantons doit être mise en application avec diligence, fidélité à la volonté du souverain, et non dans un esprit de dévoiement et de contorsions.

 

2019 sera une année difficile, mais politiquement passionnante. N'écoutons ni Mme Merkel, ni M. Macron, hérauts de l'Ancien Monde. Écoutons la voix des peuples d'Europe, en plein réveil. Oui, comme en 1848. Excellente Année à tous !

 

Pascal Décaillet

 

 

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