Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Macron : la révélation photographique se précise

 

Sur le vif - Samedi 10.11.18 - 18.13h

 

En relançant l'idée d'une "armée européenne", Emmanuel Macron permet de préciser la révélation photographique, lente mais certaine, de sa vraie personnalité politique.

 

Plus le quinquennat avance, plus s'estompe la grande tromperie de "l'homme nouveau", celle de la campagne présidentielle 2017, et plus se précise la véritable silhouette du Président français. Économiquement, un libéral, voire ultra. Politiquement, un MRP, entendez un démocrate-chrétien de la Quatrième République, fou d'Europe, peu sensible à l'identité profonde de la nation française, ancrée dans le tragique de l'Histoire.

 

Il a parfaitement le droit d'être tout cela, il est juste dommage qu'il ne l'ait pas annoncé franco de port, dans ses meetings du printemps 2017. Cette comédie de l'homme nouveau, tellement archaïque, était insupportable. Alors que libéral et européen, c'est identifiable dans la continuité historique, ça prolonge l'Histoire au lieu de prétendre l'abolir.

 

La dernière fois qu'il fut, de façon farouche et furieuse, question d'une armée européenne, ce fut le débat passionnel de 1954 sur la CED, la Communauté européenne de défense, neuf ans seulement après la guerre. Les MRP et les libéraux étaient pour. Les gaullistes et les communistes étaient contre. Aujourd'hui, 64 ans après, les fronts demeurent, au millimètre, juste parfois sous d'autres étiquettes, les mêmes qu'en 1954. Je dis souvent que depuis la Convention, donc depuis la Révolution, les masses tectoniques composant la politique française n'ont pas beaucoup changé.

 

Pour ma part, je ne reproche pas à M. Macron d'être pro-Europe ni libéral, même si je suis moi-même, comme on sait, anti-Europe, partisan des nations souveraines, mais aussi d'un État fort, et d'un système de redistribution solidaire des richesses. Mais je lui reproche de nous avoir joué, en 2017, une comédie comparable à celle de Giscard en 1974 : celle de la jeunesse et du jeunisme, de l'Histoire abolie, de la table rase. Le vrai visage de Giscard, qui se prétendait "centriste", on l'a vite vu : un homme de la droite libérale. Celui de Macron, comme un cliché en lente révélation chimique, se précise de jour en jour. En 2022, les Français sauront exactement à qui ils auront eu affaire. Au moment de prendre congé de lui. Après cinq ans de répit pour l'Ancien Monde.

 

Pascal Décaillet

 

 

Les commentaires sont fermés.