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Union de la gauche : espoir ou chimère ?

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Commentaire publié dans GHI - Mercredi 07.06.17

 

Le Front populaire : l’image est puissante, la référence historique est éloquente. Cet appel aux élections du printemps 1936, et à la victoire de Léon Blum, l’un des moments forts de la vie politique française au vingtième siècle, c’est sous la plume de Thierry Apothéloz qu’on a pu le découvrir. Dans une lettre ouverte aux militants socialistes, publiée sur son blog, lundi 29 mai. Un texte fort, dont l’auteur se conduit comme un chef, celui qui inspire la manœuvre, et, au passage, ne serait pas fâché de la diriger lui-même. Un texte où le candidat au Conseil d’Etat montre qu’il a le sens de l’Histoire, du recul, de la vision, de la stratégie. De quoi contenter ses admirateurs, et… nourrir à mort les jalousies de ses rivaux ! Un texte, surtout, où le bouillant conseiller administratif de Vernier appelle les gauches genevoises à l’unité, dès le premier tour, en vue de l’élection du printemps 2018 au Conseil d’Etat. Bref, le manifeste Apothéloz fait jaser. Exactement ce que voulait l’auteur.

 

Le Verniolan n’a peur de rien. Alors que fleurissent les candidatures à gauche, et que nulle discussion officielle ne s’est encore déroulée entre les trois grandes composantes (socialistes, Verts, Ensemble à Gauche), le voilà, seul et sûr de lui, qui sonne la charge de l’unité. La victoire du Front populaire, en 1936, était celle d’une alliance entre trois partis : les radicaux, les socialistes (SFIO), les communistes. Elle a permis de grandes choses, dont la plus connue est évidemment les Congés payés, permettant, dès l’été 36, à des centaines de milliers de travailleurs français, qui n’avaient jamais vu la mer, de partir en vacances. C’est dire la puissance d’impact de l’évocation. Dès lors, demande Apothéloz, pourquoi pas à Genève ? Présentées comme cela, les choses ont l’air toutes simples. La réalité est un peu plus complexe.

 

D’abord, rien ne dit que toutes les composantes de la gauche partagent ce rêve unitaire. Succédant à l’auteur de l’idée dans l’émission « Les Yeux dans les Yeux », les deux candidats de Solidarités à l’investiture, Jocelyne Haller puis Pablo Cruchon, ont remis les pendules à l’heure. La première, en rappelant qu’une alliance, en politique, devait s’articuler autour du sens, ce qui semble fort difficile à contredire. Du côté des Verts, qui alignent trois candidats (Marjorie de Chastonay, Yvan Rochat et le sortant Antonio Hodgers), quelle sera la stratégie ? Mais surtout, que pensent les deux colistières socialistes du flamboyant unitaire, Sandrine Salerno et Anne Emery-Torracinta, sortante ? Au fond d’elles-mêmes, sont-elles si joyeuses de voir leur cher camarade jouer en solo dans l’ordre de la tactique ? Bref, rien n’est réglé ! D’autant que le rapport de forces entre la droite et la gauche, si l’on devait reporter sur 2018 celui d’aujourd’hui, ne laisse guère envisager pléthore d’élus de gauche au Conseil d’Etat ! En attendant, un homme a montré son aptitude à la manœuvre : saluons-le, reconnaissons-lui audace et clairvoyance. Pour la suite, qui vivra, verra.

 

Pascal Décaillet

 

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