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Mesures d'accompagnement : l'Arlésienne de la droite libérale

 

Sur le vif - Lundi 03.02.14 - 13.14h

 

A quelques jours du verdict du peuple et des cantons, le camp du non semble pris de panique. Il a d’ailleurs tort, car rien n’est joué, ni dans un sens ni dans l’autre, et je serais totalement incapable de vous livrer le moindre pronostic. Il panique, un peu à cause de la deuxième vague de sondages, mais surtout parce qu’il commence à se rendre compte de la faiblesse et des limites de son argumentaire. Passons sur le grief de « xénophobie », nous l’avons maintes fois démonté, il est hors-sujet, et les leaders du camp du non le savent très bien. Lisons le texte : il s’agit de contrôler les flux migratoires, nulle déconsidération de l’étranger en tant que tel ne s’y trouve. Mais venons-en à cette rengaine qui n'en peut plus de nous brandir l'épouvantail d'une « fermeture des frontières ». Où ont-ils lu cela ? Nulle fermeture, juste une régulation.

 

Les citoyennes et citoyens de notre pays sont des gens parfaitement intelligents. Ils savent lire. Ils font la différence entre fermeture et régulation. Ensuite, on peut contester le principe même de régulation, notamment l’idée de contingents, et c’est précisément sur cela qu’aurait dû porter le débat. Il n’y est venu que fort tard, une fois évaporés dans l’éther les premiers argumentaires, qui n’avaient simplement pas la solidité nécessaire pour tenir. Oui, les opposants se sont trompés de campagne. Oui, ils ont englouti des millions à mauvais escient. Beaucoup d’entre eux, à qui je parle, le reconnaissent d’ailleurs.

 

L’opposition de gauche s’étant évanouie (vous allez voir, le nombre de gens de gauche qui vont voter oui, et pas seulement au Tessin), demeure la seule vraie ligne de force du camp du non : le PLR, avec ses alliés les patrons, ou plutôt un certain patronat, parce qu’il sera, dans les analyses VOX, diablement intéressant de jauger le vote des tenanciers de PME, et même du gros des troupes de l’USAM. Le grand patronat, donc, celui qui met les millions dans les pages complètes de vos journaux, ainsi que le Conseil fédéral, ainsi que les conseillers d’Etat PLR, ne cessent de nous dire que dès le lundi 10 février à 8 heures du matin, ils se mettront au boulot pour les mesures d’accompagnement. Et là, ça va barder ! On va voir ce qu’on va voir ! Pierre Maudet, premier flic de Genève et bizarrement aussi ministre de l’Economie, nous promet, tambour battant, un contrôle généralisé de toutes nos entreprises.

 

Je ne doute pas de la sincérité de Pierre Maudet. Mais ce camp du oui, celui de la droite patronale, la droite de l’Argent, on a quand même envie de lui dire que les mesures d’accompagnement, ça fait dix ans qu’ils pouvaient s’en occuper. Depuis l’entrée en vigueur des bilatérales ! Or, le collègue de parti et de Conseil d’Etat de Pierre Maudet, le PLR François Longchamp, qui fut six ans (de 2005 à 2012) aux Affaires sociales, qu’a-t-il concrètement fait dans ce domaine ? A la vérité, ce conseiller d’Etat a soutenu à fond l’idéologie du libre-échange, la libre circulation sans entraves, sans compter l’apologie du Grand Genève. Alors, venir maintenant nous promettre des contrôles draconiens, dès le 10 février, sur le marché du travail, désolé Messieurs, mais c’est un peu tard. Les syndicats, la gauche, mais aussi la droite protectionniste, les réclament depuis une décennie. Pendant ces dix ans, vous n’avez pas bougé. Vous avez, tout au plus, fait semblant. Il faudra sans doute, le 9 février, en payer le prix.

 

Pascal Décaillet

 

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