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Contraire à l'esprit libéral : et alors ?

 

Sur le vif - Lundi 12.08.13 - 10.42h

 

Contraire à "l'esprit libéral", l'obligation de servir, nous dit dans le Temps un éminent professeur fribourgeois.

Oui, sans doute contraire à l'esprit libéral.

J'ajoute juste: "Et alors ?".

Au mieux de l'intention de ce professeur, il convaincra quelques libéraux de voter le texte du GSSA, et même cela j'en doute, car libéral, ça n'est pas libertaire.


Mais enfin, soyons fous, et admettons que ce génial professeur réussisse à convaincre tous les libéraux de Suisse.

Il restera une majorité très nette, celle de la votation de septembre, qui montrera son attachement, j'en suis certain, à d'autres valeurs que simplement faire individuellement ce que chacun veut. Libéral, au sens politique, ça n'est pas libertaire, loin de là: tous les grands penseurs libéraux, du moins sur le continent européen, de Tocqueville à Aron, intègrent puissamment la dimension de l'Etat. Et s'expriment, très clairement, sur la part de contrainte qu'implique la vie en collectivité. Je vous renvoie notamment à "L'Ancien Régime et la Révolution", qui n'est pas exactement un traité de bien-vivre sur une plage ensoleillée.

Un État, c'est quelque chose de dur, de régalien. Ca passe par une forme (parfois pénible, avouons-le) de contrainte, on le voit aussi dans la fiscalité. Il est plus agréable d'aller à la mer qu'à l'armée, de garder son argent pour soi que de payer ses impôts. Mais voilà, un Etat, ça passe par des sacrifices. Ca passe par le renoncement au mythe de la totale liberté individuelle. Et la somme de ces renoncements, de ces sacrifices, constitue une part de notre trésor commun. En Suisse, nous avons une chance exceptionnelle: la définition de ces sacrifices, c'est le peuple souverain qui la donne. En cela, fantastique auto-goal, le GSSA permettra sans aucun doute au système de milice, en septembre, de recevoir une piqûre de rappel inespérée en matière de légitimité.

Je crains que cette dimension sacrificielle ait très légèrement échappé à notre très éminent disciple de Milton Friedmann. Il est pourtant assez convaincant, ce professeur fribourgeois, lorsqu'il s'exprime sur les effectifs et la pléthore, par exemple. Convaincant, sauf lorsqu'il se heurte au tragique de l'Histoire, ou à sa résurgence toujours possible.

Il est donc séduisant et percutant. Sauf sur l'essentiel.

 

Pascal Décaillet

 

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