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La Savoie des écrivains: passionnant ouvrage

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Texte publié dans GHI - 03.07.13

 

La Savoie ! Et si, pour une fois, nous parlions de cette magnifique voisine autrement que sous l’angle du Grand Genève, du CEVA, des frontaliers, du marché de l’emploi ou des flux automobiles ? Et si nous nous intéressions aux profondeurs culturelles, historiques de ce qui fut très longtemps un Duché, avant d’être, comme on sait, rattaché à la France en 1860. Trente ans après l’Algérie ! Pour se fondre dans l’identité savoyarde, jusqu’à s’y perdre tellement l’errance est passionnante, rien ne vaut un guide : le plus éblouissant de tous, dont j’ai déjà parlé ici pour son livre « Ecrivains en Pays de Savoie, de l’Antiquité à nos jours » (2012), est Rémi Mogenet, poète et professeur de littérature, incroyable érudit, comme on n’en fait plus.

 

Car la Savoie, bien sûr, a une Histoire. Et elle est passionnante ! Elle fut Comté (1032-1416), puis Duché, au cœur de l’Europe et de ses alliances, et nous la connaissons depuis le Traité de Turin (Second Empire) comme double Département français. Cette Histoire nous a touchés de près, à Genève (bien au-delà de l’épisode de l’Escalade), dans le canton de Vaud, en Valais. La Savoie, ce sont aussi de très brillantes figures, souvent liées à un catholicisme omniprésent chez nos voisins (il suffit de s’y promener), mais aussi aux arts, à la philosophie. Apprenons à les connaître, elles nous sont si proches !

 

Le tout dernier livre de Rémi Mogenet, « La littérature du Duché de Savoie, anthologie (1032-1860) », sorti le 10 juin aux Editions des Régionalismes, pose la question d’une littérature savoyarde. Existe-t-elle ? La question est exactement la même que pour la littérature romande : dans les deux cas, il y a de grands écrivains, de véritables figures. Mais peut-on définir ce qu’ils auraient, sur le plan littéraire, en commun, sous l’appellation ethnique : « écrivains romands », ou « auteurs de Savoie » ? L’auteur tente une réponse : peut-être un certain rapport à l’image (issu du catholicisme), à une « imagination libre » rejetée par le rationalisme du Grand Siècle français. Et aussi, ce que le livre précédent montrait déjà avec éclat, un lien très puissant avec un romantisme allemand surgi des paysages, des mythes locaux et des racines.

 

Sa thèse, Mogenet la nourrit par un très riche catalogue de personnages. Ni citons ici que les deux les plus connus, Saint François de Sales (1567-1622), l’un des plus grandes figures de son temps, connus de tous ceux ayant transité par l’Institut Florimont, évêque de Genève en exil à Annecy, contre-réformateur, remarquable écrivain, et dont Mogenet est aujourd’hui l’un des meilleurs connaisseurs. L’autre figure, éblouissante aussi à tant d’égards, est celle de Joseph de Maistre (1753-1821), cf portrait ci-dessus, contre-révolutionnaire, éminent franc-maçon, penseur politique, théocrate, sur lequel on a tant écrit depuis deux siècles.

 

Ce livre de Rémi Mogenet, il faut le lire. Il nous décrit la Savoie comme ce qu’elle est : une terre de culture et d’images, infiniment ouverte aux fracas des idées d’Europe, le contraire même du refuge ou du repli, ou de la réserve d’Indiens. Une terre de poésie, de piété, d’élans mystiques. Au cœur d’un paysage qui, à l’égal de nos montagnes suisses, coupe le souffle par la majesté de sa présence.

 

Pascal Décaillet

 

*** La littérature du Duché de Savoie - Anthologie (1032-1860) - Par Rémi Mogenet - Editions des Régionalismes - 2013.

 

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