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Election par le peuple : osons le oui !

 

Edito publié en première page du Giornale del Popolo - Lundi 27.05.13


 
La Suisse est un pays merveilleux. Ainsi, ici même, le plaidoyer d’un Valaisan de Genève, ayant travaillé à Berne, pour convaincre ses amis tessinois de ne pas avoir peur de voter oui à l’élection du Conseil fédéral par le peuple, le 9 juin prochain. Oh, je sais, beaucoup de Tessinois sont sceptiques : ils craignent pour la représentation de la Suisse italienne. Et préféreront sans doute garder un système qui leur a permis, depuis 1848, d’avoir souvent l’un des leurs au gouvernement de la Confédération. La même réserve existe en Suisse romande. Elle est légitime, je n’essaye pas de m’en cacher.


 
Mais avant de parler des minorités, voyons plus grand, parlons de notre pays : la Suisse. C’est d’elle qu’il s’agit, après tout, notre Suisse fédérale, cette mise en commun de nos destins depuis 1848. Il s’agit du gouvernement de la Suisse ! Au milieu du 19ème siècle, lorsqu’a émergé l’Etat fédéral, dans une Europe en pleine tourmente, le vrai pouvoir était dans les cantons. Nos conseillers fédéraux des premiers temps relevaient, dans la tête des Suisses, d’un échelon administratif, lointain, on ne les connaissait tout simplement pas. Alors, pour élire ce comité de Sages, on a fait confiance aux parlementaires fédéraux. Eux, au moins, se rendaient à Berne plusieurs fois par année, connaissaient les papables des autres cantons, pouvaient voter en connaissance de cause.


 
Et puis, comme ce système a plutôt bien marché, donné aux pays de grands hommes (comme le Tessinois Motta), est allé de pair avec une exceptionnelle élévation de nos niveaux de vie, nous a préservés de deux guerres mondiales, garanti depuis 1937 la paix sociale, façonné dès 1948 un excellent système de retraites, on s’est dit qu’au fond, il n’y avait pas grande raison d’en changer. Deux fois pourtant, en 1900 et 1942, l’élection au suffrage universelle fut soumise au peuple et aux cantons, mais deux fois, balayée. A noter qu’à l’époque, c’était la gauche qui voulait changer le système. Mais, aussitôt intégrée au Conseil fédéral avec le premier socialiste, Ernst Nobs, en 1943, elle a trouvé que le système indirect avait du bon. A noter, encore, que le 4 novembre 1900, l’initiative, certes refusée au niveau fédéral, était acceptée par le Tessin (50,5%), Fribourg (72,9%), le Valais (59,9%), et nombre de cantons catholiques, bref une opposition qui ressemblait furieusement aux ultimes alluvions du Sonderbund.
 


Nous sommes aujourd’hui en 2013. Par internet, nous savons immédiatement ce qui se passe, partout dans le monde. Par les médias, nous connaissons les grandes figures de la politique suisse : le Zurichois Blocher, le Vaudois Maillard, la Saint-Galloise Keller-Sutter, le Tessinois Lombardi, le Valaisan Darbellay, etc. A noter que la plupart de ces personnes (et les Tessinois sont les plus brillants dans ce domaine) s’expriment dans deux, voire trois langues nationales. Nos problèmes sont devenus nationaux. J’estime infiniment plus légitime, pour un conseiller fédéral, d’être élu par quatre millions de citoyens que par 246 parlementaires. L’onction de cette immédiateté lui donnera une légitimité beaucoup plus puissante que le seul jeu de miroirs du sérail parlementaire. Le candidat devra aller à la rencontre du pays profond, il aura pour horizon d’attente, pour théâtre d’opérations, le pays tout entier.


 
J’ajoute une chose : Valaisan de Genève, il m’est parfaitement égal qu’il y ait des Valaisans ou des Genevois au Conseil fédéral. Il s’agit d’une instance suisse. Dans le Bâlois Tschudi, le Saint-Gallois Furgler, les Vaudois Delamuraz, trois grands hommes, j’ai toujours reconnu MES conseillers fédéraux. Non par l’origine cantonale. Mais justement parce que différents de moi, ils me parlaient et me touchaient quand même. Osons l’élection par le peuple. Osons la Suisse. Osons donner un nouvel élan à ce fabuleux pays. Il a besoin d’audace, d’amour et de modernité. Besoin de nos énergies. Besoin de nous.


 
Pascal Décaillet
 
 

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