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Le pays physique

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1291ème note - Mercredi 01.08.12 - 15.20h

 

J'aime le pays physique. Passionnément, et depuis toujours. Suisse. Provence. Toscane. Toutes ces Italies, que je sillonne depuis un demi-siècle. Pays physique. Celui qu'on peut toucher, humer, goûter. Variétés de sols et de roches, chaleur du granit alpin sous le soleil brûlant, argiles des vignes, déterminant les chances de vie d'un cépage et finalement la subtile complexité d'un vin.

 

Pays physique. Celui qui se ressent et celui qui se voit. « Paese » : pays, mais aussi village. Paysage ! A force de se triturer les méninges pour définir les valeurs suisses, fédéralisme, démocratie directe, respect mutuel, unité dans la diversité, ouverture à l'autre, toutes choses avec lesquelles je suis d'accord, il me semble qu'on passe un peu vite sur le pays physique.

 

On n'aurait pas le droit de l'aimer, son paysage ? Vignoble de Lavaux, massif des Combins aperçu à partir du Sentier des Chamois, éternité du lac entrevue de La Breya, douceur des vallons jurassiens. Le paysage appartient à celui qui l'aime, celui qui en est bouleversé, l'intériorise au plus profond de son intimité. Et cette part commune de paysages aimés, d'émotions vécues, tout cela constitue le charme fragile, émotif, de notre attachement national. Rien d'agressif, rien de supérieur, rien qui soit de nature à exclure l'autre, l'étranger, qui d'ailleurs peut les aimer tout aussi follement que nous, ces paysages. Non. Juste la parcelle partagée d'une émotion commune.

 

Mon attachement au pays physique m'amène à y passer un nombre croissant d'heures. En contemplation. Un livre, un sac, un peu d'eau en réserve. J'aime ces moments, j'ai l'impression d'y retrouver ceux que j'ai connus, aimés, et qui nous ont quittés. Présence de la mort. Sublimation de la vie. Que serait l'une, sans le miroir de l'autre ? Le pays physique : celui des milliers d'espèces de plantes et d'animaux, il faut absolument les protéger. Leur nature est la nôtre, leur terre nous est commune.

 

Pays physique. Présence surgissante des eaux. Pays de sources et de torrents, bassin d'un fleuve, des frontières uranaises jusques aux Camargues. Destin.

 

Je n'ai pas fait exprès, mais c'est ici ma note numéro 1291 depuis que j'ai lancé ce blog, en octobre 2007. Je vous souhaite à tous une journée d'amitié et de recueillement, ou de folles festivités sonores, comme vous voudrez. Hommage et salut au pays physique, celui qui se voit, celui qui se hume, celui qui se goûte. Le pays des sens et du sentiment. Quelque part entre la vie et la mort. Juste là, oui.

 

Pascal Décaillet

 

 

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