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Une lecture toscane, l'été

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Notes de lecture - Mercredi 20.07.11 - 12.50h

 

L'action se déroule en Toscane, et, comme je suis un garçon perfectionniste, c'est en Toscane, perché au sommet d'une colline inspirée, que j'ai savouré, il y a quelques jours, le dernier livre de Dominique Fernandez. Ce roman est un bonheur. Il nous plonge dans une Italie perdue, celle de l'immédiat après-guerre. Il nous immerge dans une jeunesse, des codes, des conventions qui n'ont plus cours depuis longtemps. Il nous donne envie d'avoir vécu cela, nous qui sommes venus après. C'est un roman sur l'Italie, l'une des grandes passions de l'auteur qui en est un éminent spécialiste, agrégé, docteur ès lettres. Mais c'est aussi un texte sur la jeunesse perdue. Il y a toujours, dans la littérature italienne ou consacrée à l'Italie, quelques fragments d'ombre des Promessi Sposi, et le thème des fiançailles, ici chez Fernandez, se promettre à quelqu'un, cela semble aujourd'hui si lointain, domine le livre.

 

Etudiants en langue et littérature italiennes (un choix rare, en France, dans les années qui ont suivi le fascisme), deux jeunes gens d'une vingtaine d'années, Octave et Robert (le narrateur), quittent Paris, en octobre 1951, pour un séjour studieux d'un an à Pise. Dans un automne qui, là-bas, ressemble encore à l'été, ils débarquent dans une Italie à peine sortie de la guerre, et surtout de l'épopée mussolinienne, coupée en deux (comme dans l'univers de Don Camillo) entre démocratie chrétienne au pouvoir, celle d'Alcide de Gasperi, et communisme. Il faut être l'un ou l'autre, il n'y a guère d'autre choix. L'Italie est belle, veut vivre, oublier les années difficiles, les deux garçons découvrent la liberté sur une vespa. Qui les amène, un beau jour, dans la propriété des Tibaldi, noblesse ruinée, fascistes dépossédés, où vit la belle Ivanka. Jeune fille à marier. Je ne vous en dis pas plus.

 

Je ne parlerai pas de l'histoire d'amour, parce que je suis en train de finir « Belle du Seigneur », et que, côté puissance passionnelle, je suis trop imprégné d'Ariane et de Solal pour avoir encore à l'esprit les battements de cœur d'Octave, Robert et Ivanka. Mais je vous parlerais des heures de cette Italie-là, si finement restituée par Fernandez, cette rigueur dans le paraître, cette pudeur des sentiments, ce délicieux apartheid entre garçons et filles, ce monde perdu, à la fois archaïque et primesautier, poussiéreux, décati, et pourtant éclatant de lumière. La lumière de Toscane. Autant dire l'intensité du bonheur. Quand il surgit. Et déjà, quand il nous échappe.

 

Pascal Décaillet

 

*** "Pise 1951", par Dominique Fernandez, Grasset, janvier 2011, 327 pages.

 


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