Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 09.05.11
Avec la régularité d’une liturgie, dimanche après dimanche, Laurent Flutsch vomit sur le Pape. Sur les catholiques. Sur les évangéliques. Sur les musulmans. Sur tout phénomène de foi qui échapperait à la raison. Sa raison. La raison de Laurent Flutsch. La norme. Même pas celle des Lumières, du Compas, de l’Equerre. Non, juste la norme de Flutsch. Le dimanche. A heure fixe.
Et il est fier de lui, Flutsch. Persuadé d’être un héros. Vous pensez : dégommer la foi des uns, les attaches spirituelles des autres, relève, en mai 2011, c’est connu, d’un époustouflant courage. Il risque, comme chacun sait, le bûcher. Et il rentre chez lui, le militant déguisé en humoriste, gonflé à bloc, comme un Croisé, d’avoir défendu la Raison triomphante face à l’Obscur. Qu’il puisse blesser, heurter, ne lui importe pas. Ce qui compte, c’est sa position. Celle du missionnaire.
Et il reviendra, dimanche après dimanche. Prévisible comme un métronome. Sous couvert d’humour, il officiera dans sa Mission. Autour de lui, sagement, la cléricature applaudira. Toute la bien-pensance, sous l’autel de ses paroles, se prosternera. Ses amis, dans l’Ordre de la Satyre Officielle, en rajouteront. Tous, persuadés d’être des héros. La Clarté contre l’Obscur. Le jour contre la nuit. La raison contre le mythe. La raison de Flutsch. Sa raison. Seule, contre l’immonde.
Pascal Décaillet