Chronique publiée dans la Tribune de Genève - Lundi 03.05.10
Quelques robustes et étincelants morceaux de fromage valaisan, dont un alpage de la Loutze (Mayens-de-Chamoson) hors du commun, du vin blanc, un peu de charcuterie, un géant helvéto-serbe de deux mètres, un barde de Savièse ayant quelque succès en politique, une future conseillère d’Etat vaudoise, un gourou de la pensée scolaire devenu député radical, c’était samedi, 17h, Librairie les Trois Mondes, rue Leschot. Partage, lumière, chaleur. Tout ce qui manque au Salon du Livre.
Et si la majesté du livre, son incomparable puissance, relevait par essence de l’intimité d’un cercle plutôt que du fracas d’une foire ? L’hôte des lieux, samedi (à part le libraire, charmant), c’est Slobodan Despot. Les éditions Xénia. Petite boîte (deux personnes), travail acharné, des trésors d’originalité dans le choix des bouquins, du « Valais mystique » à la liste des saints orthodoxes, en passant par un essai sur le cancer du col de l’utérus (on vaccinerait trop, du fric pour les pharmas), ou encore le très troublant « Portrait d’Eric », par Eric Werner.
Petite boîte, deux personnes, pleines d’énergie. Il n’y a que ça de vrai : les PME, il y a ceux qui en parlent, et ceux qui les vivent, sept jours de boulot sur sept pour le patron, mais l’ivresse inégalable de se sentir libre. C’était comme samedi, aux Trois Mondes : on s’y sentait bien, on s’y sentait libre.
Pascal Décaillet