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La maman cygne et les rats noirs


Je devais avoir quatre ans, c’était au bord du lac. Une maman cygne, sur le rivage, protège ses œufs. Il fait très chaud, étouffant. Une armée de rats noirs (petits, lustrés, très agressifs, affamés) multiplie les assauts pour atteindre sa progéniture. La maman au long cou, infatigablement, repousse attaque après attaque, menace les rongeurs de son grand bec terrible. J’avais, bien sûr, trouvé tout cela abominablement injuste, de quoi se mêlent ces sales rats ? Je n’avais pas encore compris que c’était la vie, simplement.

Le parti de Monsieur Merz l’a-t-il compris, quant à lui ? À force de répéter, à Berne ou dans les cantons, qu’il est – comme par essence – un « parti de gouvernement », ne voit-il pas, de sa droite et de sa gauche, les ignobles ratons lustrés à qui cette vocation, ce nid de couvaison, ne déplairaient pas, non plus ? La plage n’est-elle pas à tous ? La nature aurait-elle, par décret, légitimé, pour ce coin de littoral, une espèce plutôt qu’une autre ?

Alors, pour justifier son sursis dans la moite douceur du promontoire, le grand vieux parti a eu une idée : il a eu recours à la vieille ficelle de la jérémiade. C’est lui, l’Oiseau blanc, cher aux poètes. Les autres, les imposteurs, surgis des égouts, porteurs de peste, de malheur. C’est ainsi souvent, en politique : la morale, on l’utilise quand ça vous arrange. Il y aurait les blancs, les noirs, les héritiers et les usurpateurs. Tiens, pourquoi pas la Sainte Terre des Ancêtres, tant qu’on y est ? Ah, les braves gens !

 

Pascal Décaillet

 

 


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