Tribune de Genève - Lundi 24.08.09
Un personnage, juste là, qui n’aurait jamais dû cesser d’être central : le prof. Par lui, une voix, un regard. Le don, patiemment distillé, de toutes les alluvions dont sa vie l’a enrichi. Savoir. Méthode. Doute, aussi. Chemins de connaissance. Prodigieux métier, qui relie l’humain à l’humain, le passé à l’avenir. Il transmet.
En ce jour de rentrée, pensons aux profs. Ce si beau mot de « maître », non celui qui domine, mais celui qui dispense le magistère. Lisons Péguy, « L’Argent », dans les Cahiers de la Quinzaine (Pléiade) : personne n’a mieux écrit sur le miracle de cette relation qui, pour la vie, demeure, nous étreint.
Et puis quoi, aujourd’hui ? Ils seraient moins hussards, moins noirs, et cet aplatissement serait irrévocable ? Il ne l’est pas. Il ne dépend que de nous, la société, de revaloriser leur statut. Par le respect que nous leur portons. Quelques marches, vers le haut, dans une échelle de valeurs où le fric et la facilité ont été placés beaucoup trop haut.
Aimer les profs, beaucoup attendre d’eux, c’est aimer la République. Espace commun, chose de tous. Dans sa dimension la plus verticale : celle qui élève. A tous, excellente rentrée. Aux profs. Aux élèves. Aux parents. A tous les autres, aussi : tous ceux pour qui le verbe, la connaissance, la culture ne sont pas juste un luxe. Mais des nécessités de vie.
Pascal Décaillet