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Un Ziegler de droite

Chronique publiée dans le Matin dimanche - 24.05.09

 

Un poisson volant, c’est rare, ça défie la pesanteur de nos préjugés. Plus insolite encore, un sociologue de droite. Ainsi, Uli Windisch. Professeur à Genève, défricheur émérite dans le domaine des médias et des sciences de la communication, où les étudiants se pressent, cet universitaire choque et dérange, chatouille et égratigne, parfois exaspère. Très exactement ce que n’a cessé de faire, toute sa vie, mais dans l’autre camp, un certain Jean Ziegler.

 

Alors, je ne sais pas, cela doit tenir à un visage, l’inflexion d’une voix, mais tout ce qu’un certain milieu pardonne à l’un, il le reproche à l’autre. Les excès du langage : chez Ziegler, c’est le génie de l’inspiration ; chez Windisch, le démon rampant du fascisme. La provocation : chez Ziegler l’arme du juste, chez Windisch l’encre noire du scandale. La préférence politique : chez Ziegler l’aiguillon de la bonne cause ; chez Windisch l’infâmante inféodation. Le soutien à Castro, à Mugabé : chez Ziegler, l’inévitable phase romantique de l’intellectuel. Ne pas avoir diabolisé Blocher : chez Windisch, la signature de son arrêt de mort.

 

Amusant, non ? Dans ce monde où les poids et les mesures vont s’évaporant, où les causes et les effets s’évanouissent dans une troublante mathématique d’ombre, voici donc un chevalier blanc et un prince noir. Il se trouve que ces deux hommes-là sont mes amis. Ziegler, j’aime parler avec lui du poète allemand Hölderlin, de Willy Brandt et Mitterrand. Windisch, j’apprécie et respecte son travail sur les médias, son amour de la Suisse, le courage de son combat dans le milieu où il sévit. Alors, voilà, nul, jamais, ne m’empêchera de prendre la plume pour les défendre. Et, pour la criticature gratuite et méchante, rampante de bassesse, suintante comme la délation, on se contentera de réserver, avec Ferré, juste au passage, quelques petites tonnes de crachats.

 

Pascal Décaillet

 

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