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Le bon choix

Il s’en est fallu d’une seule voix, mais c’est fait : Ueli Maurer, candidat officiel de l’UDC, et au fond le seul vrai candidat derrière le leurre Blocher, devient le 111ème conseiller fédéral de l’Histoire suisse. La manœuvre des socialistes, des Verts, d’une importante partie du PDC, et même de quelques radicaux dont un Tessinois, n’aura donc, in extremis, pas abouti. C’est une excellente chose pour la Suisse, pour une certaine conception de la concordance, et aussi pour la cohésion de la grande famille de la droite. Une nouvelle plaisanterie comme celle du 12 décembre 2007, et la droite suisse volait en éclats, alors qu’elle est nettement majoritaire dans le pays.

 

Cette élection, comme une vague marine sur le sable, efface, ou en tout cas diminue considérablement la mauvaise trace laissée dans notre histoire politique par l’alliance contre-nature ayant permis, il y a un an, d’éjecter Christoph Blocher. Le principal acteur de ce coup de décembre 2007, Christophe Darbellay, a été, cette année, impeccable d’un bout à l’autre, fidèle à sa famille de pensée, à ses alliés naturels, il a tenu sa parole, il a reconquis, sur la scène fédérale, le droit d’aspirer à un destin à la mesure de son talent.

 

La logique arithmétique doit-elle céder la place à une logique de concordance ? A cette question, la réponse est oui. Il faut élire des gouvernements sur des programmes, avec une cohésion idéologique, des buts très clairs à atteindre, et non sur le seul équilibre donné par les élections législatives. Ce changement, capital, est celui qui attend la Suisse de demain. Tôt ou tard, nous y viendrons. Mais là, il n’était pas question de venir changer les règles du jeu en cours de législature, pour la simple convenance des vaincus d’octobre 2007 face aux vainqueurs. Derrière les index érigés vers le ciel des donneurs de leçons, derrière leurs éternels cours de morale sur la séparation des pouvoirs et le respect du droit international, il y avait, en fait, la volonté d’empêcher l’accès au pouvoir au parti arrivé en tête aux élections fédérales. Le vrai déni de démocratie, c’était celui-là.

 

Dans cette affaire, même le Parlement s’est sauvé lui-même, face à l’opinion publique, dans son statut de grand électeur (qui va lui être, ces prochaines années, de plus en plus disputé par l’alternative du suffrage universel). L’épisode du 12 décembre 2007 avait été perçu, par beaucoup de monde, comme la prime à la combinazione. Cette année aussi, il y a eu essai, par les mêmes (sauf Darbellay), de nous sortir un deus ex machina, mais, cette année, à une voix près, la manœuvre a échoué. Disons : un point partout.

 

Reste la grande question : combien de temps encore un pays de sept millions d’habitants déléguera-t-il à 246 grands électeurs la faculté d’élire son exécutif ? A l’époque du vote par internet, des grands débats radiodiffusés, des campagnes nationales sur les médias modernes, ce système né des anciennes Diètes, favorisant les complots de coulisses et parfois même les mauvais coups, n’est-il pas complètement caduc ? Poser la question, c’est déjà commencer à y répondre. Hier, la face a certes été sauvée. Mais à une voix près, une misérable voix : c’est sans doute un peu juste, pour la crédibilité de l’une des plus vieilles démocraties du monde.

 

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

 

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