Édito LFM – Jeudi 08.05.08 – 07.50h
La vie commence à soixante ans, celle d’Israël sera encore longue. J’étais à Jérusalem il y a dix ans, pour le demi-siècle de cet Etat. C’était mon premier contact, plusieurs fois renouvelé depuis, avec cette ville unique au monde où la paix des âmes, d’un monastère l’autre, ou synagogue, ou mosquée, semble défier l’imminence des armes.
J’ai déjà écrit, dimanche, ce que je pensais de quelques erreurs de communication de la politique étrangère suisse, ces derniers temps, face à Israël. Un communiqué présidentiel de Pascal Couchepin, digne et apaisant, publié hier, a rappelé l’amitié de la Suisse pour ce pays.
Bien sûr, il y a les territoires. Bien sûr, il y a le drame du peuple palestinien, et la nécessité absolue pour lui d’obtenir un Etat. Bien sûr, la même armée qui fut, en 1948, celle de l’Indépendance, est trop souvent devenue force d’occupation, d’exactions, d’oppression. Bien sûr, il y a eu les événements de 1982, dans la partie méridionale d’un pays qui s’appelle le Liban, où le pire, et pas seulement par les phalanges, a été commis.
Mais qui sommes-nous, dans ce petit pays qui ne s’est plus battu depuis tant de siècles, qui a échappé aux deux guerres mondiales, ne vivant en paix que grâce à la réconciliation de ses grands voisins qui s’étaient tellement déchirés ? Qui sommes-nous, pour vraiment comprendre l’état d’esprit, perpétuellement menacé, dans lequel vivent les femmes, les enfants et les hommes d’Israël ?
La résurgence de la guerre, à tout moment possible. Le président d’une grande puissance régionale, toute proche, l’Iran, déclarant tranquillement qu’il verrait bien Israël rayé de la carte du monde. Le Hezbollah, et tant d’autres mouvements, tentant, en effet de s’y employer. Et tant de beaux esprits, chez nous, dans notre tranquille Suisse, encourageant sans s’en rendre compte le terrorisme.
Ce matin, il faut dire bon anniversaire à Israël. Sa légitimité est acquise. Son appartenance au concert des nations, garantie. Et il faut, aussi, souhaiter sans tarder un Etat palestinien. Pourquoi nous, Suisses, pourquoi, si ce n’est par vaine posture, devrions-nous choisir entre ces deux peuples ? Pourquoi ne pas leur dire, à l’un et à l’autre, qu’ils sont nos amis ? Et que nous souhaitons la paix, la vraie, au Proche-Orient.