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  • La droite a des racines. Et des valeurs !

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 15.02.23

     

    La droite genevoise ne manque pas de figures. Mais il lui manque une dimension essentielle : une connaissance approfondie de ses propres valeurs. Cela passe par des milliers de lectures. Une passion pour l’Histoire politique. Celle des événements, notamment depuis la Révolution française, donc la naissance des grands partis. La volonté d’analyser les choses avec froideur, les causes et les conséquences, les vraies raisons des guerres, les rivalités économiques, bref la démarche que nous propose, il y a vingt-cinq siècles, l’immense historien athénien Thucydide, lorsqu’il nous raconte la Guerre du Péloponnèse, cette succession de conflits entre Cités grecques, les unes affiliées à Sparte, les autres à Athènes. Un livre austère à lire, mais d’une modernité saisissante.

     

    D’abord, tout homme ou femme de droite doit connaître la diversité des origines. Le radicalisme, le libéralisme, la démocratie chrétienne, l’UDC agrarienne ou blocherienne, ça n’est pas la même chose. Les souches profondes, les racines philosophiques, confessionnelles souvent, sont différentes. Il importe absolument de connaître ces nuances. On ne peut décemment surgir dans un parti, faire table rase du passé, gommer la gauche et la droite avec mépris, sous prétexte que ces notions seraient révolues, ce que contredit absolument l’actuelle tension dialectique en matière de finances, de dette, de fiscalité, de mobilité, de sécurité, de défense nationale. A vrai dire, jamais la tension gauche-droite, à Genève, n’a été aussi vive, depuis des décennies. Et je n’exclus pas que la multiplication des listes du Marais, entendez ce centre qui veut faire moderne et se rit du passé, n’ait pour conséquence, par défaut de quorum, de renforcer, au soir du 2 avril, les partis polarisés.

     

    En attendant les droites doivent se renseigner sur leurs propres valeurs. Et bien se rendre compte d’une chose : l’effet dévastateur d’un quart de siècle de néo-libéralisme, principalement jusqu’en 2008, sur l’identité profonde de la droite. Il est fatal que la quête d’un profit trop facile, financièrement spéculé dans des officines, déraciné de l’économie réelle, mondialisé, méprisant les nations, ait pu à ce point s’imposer comme la seule image de la droite. La gauche avait beau jeu de la démonter, elle a eu parfaitement raison de le faire. Il importe maintenant qu’une autre droite, patriote, mais aussi populaire, joyeuse, entreprenante, s’affirme à Genève. Son grand défi : construire, autour de sa diversité naturelle et historique, la puissance de frappe d’une unité. Dans les grands moments, la gauche sait le faire, par exemple pour élire des Conseillers aux Etats. Dans les mêmes moments, décisifs, la droite se déchire et se liquéfie. Je n’exclus pas, hélas, que nous en soyons à peu près là, aujourd’hui, pour des questions d’égos, de chapelles, de paroisses. Seul moyen de forger l’unité : mettre au centre les valeurs. Pour cela, il faut commencer par les connaître. Transmettre le néant, c’est rafraîchissant. Mais peu utile.

     

    Pascal Décaillet

  • Hussards noirs

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.02.23

     

    Revaloriser d’urgence l’apprentissage. Décentraliser les prises de décision en rendant aux directions d’écoles, tous niveaux confondus, l’autonomie et la responsabilité. Placer le savoir au centre de tout. Permettre aux profs, de tous degrés, de vivre avec passion leur statut de transmetteurs de connaissances. Refaire de l’école une grande et belle chose, celle dont parle Charles Péguy, de façon si bouleversante, dans ses Cahiers de la Quinzaine (Année 1913), quand il nous parle de ses maîtres, les hussards noirs de la République.

     

    Oui, l’Instruction publique est à reprendre à Genève, et pas seulement parce que la titulaire s’en va. Elle est à reprendre, parce qu’elle a impérativement besoin d’un nouveau souffle. On en a marre du mantra de « l’inclusif », on veut autre chose, une école fière et joyeuse, porteuse de valeurs fortes : la connaissance, la compétence, au cœur de la Cité.

     

    J’ignore absolument qui reprendra ce Département. Homme, femme, gauche, droite, aucune importance. Il nous faut une personnalité puissante. Traversée par le bonheur de transmettre. N’ayant pas peur. Sachant remettre à leur place les apparatchiks, les pédagos, les permanents du système, les obsédés du contrôle interne, ceux qui veulent faire de l’enseignement une science, alors que c’est un art, l’un des plus nobles, l’un des plus beaux. Il nous faut quelqu’un qui donne envie, vous m’entendez ? Un tel profil existe-t-il, dans les candidats en lice ? Je l’ignore. Mais j’ose l’espérer. C’est une question de survie.

     

    Pascal Décaillet

  • Mobilité : la trahison permanente

     

    Commentaire publié dans GHI - Mercredi 08.02.23

     

    La droite genevoise soutient la circulation automobile privée. Elle n’a rien contre les transports publics, ni contre la mobilité douce, mais elle est attachée au libre choix du mode de transports, voté par le peuple. Contrairement à la gauche, elle ne diabolise pas la voiture. Elle pense aux livreurs, au personnel commercial, aux résidents de la Ville faisant le choix de se déplacer en voiture, ce qui est leur droit le plus total, n’a pas à être jugé moralement, ni sanctionné, n’en déplaise aux ayatollahs de certains partis.

     

    Eh bien cette droite-là, en matière de mobilité, elle a été politiquement trahie. Par qui ? Hélas, par le ministre lui-même, en charge du dossier depuis cinq ans. Il nous faut dire un mot de Serge Dal Busco, et du mystère qui entoure le revirement de ce magistrat, qui applique une politique contraire à l’électorat l’ayant réélu en 2018, date à laquelle il a quitté les Finances pour la Mobilité. Il s’agit, j’insiste toujours sur ce point, d’un homme de valeur, très correct, très courtois. Il demeure toujours calme, se maîtrise, parle aux gens avec respect, ne fait pas preuve d’arrogance.

     

    Ces qualités, bien réelles, rendent d’autant plus immense la déception de la droite face à sa politique en matière de circulation. Depuis son arrivée aux affaires, sous prétexte d’appliquer (il ne le fait que dans un seul sens !), la loi sur la mobilité, votée en 2016, le ministre fait la politique de la gauche. Toujours et partout, il entrave la circulation privée motorisée (voitures, motos, scooters). Toujours et partout, il joue le jeu des Verts les plus fondamentalistes, ceux qui, au fond, rêvent d’éradiquer toute voiture privée de la surface du globe.

     

    Mais il n’est pas Vert, lui, justement ! Il est démocrate-chrétien, ce parti qui a changé de nom et se fait appeler aujourd’hui « Le Centre ». Un parti qui, depuis bientôt 80 ans, a toujours fait équipe avec la droite, a largement profité des dynamiques de droite (libéraux, radicaux) pour se faire réélire, prône l’économie privée. Alors au nom de quoi, en matière de circulation, ce parti a-t-il laissé son ministre opérer une telle conversion, à 180 degrés, comme à skis, dans une pente vertigineuse ? Car enfin, il y a duperie de l’électorat. Passage dans l’autre camp. Pour qui connaît l’art de la guerre, cela porte un nom.

     

    Dernière hallucination en date, Cornavin. La Tribune de Genève nous dévoilait, ce samedi 4 février, la volonté du ministre d’interdire les voitures aux abords de la gare, en rendant impossible, dès ce printemps, le passage, en continuation de la rue de Lausanne, direction Colouvrenière. Tout cela, au nom de travaux qui ne commenceront pas avant… 2027 ! Une mesure arbitraire, unilatérale, non-concertée, d’une brutalité inouïe, notamment pour les résidents genevois ayant choisi librement d’utiliser leur véhicule pour se déplacer, et n’ayant pas à être jugés pour cela. Cette déclaration de guerre ne peut rester sans réponse. Si la droite genevoise ne réagit pas, elle perd son âme.

     

    Pascal Décaillet