Sur le vif - Jeudi 07.01.21 - 11.09h
La démocratie élective vit ses dernières décennies. Encore deux ou trois générations, et le système représentatif, né au temps des diligences, laissera doucement la place à une démocratie directe renforcée, où le suffrage universel sera systématiquement sollicité sur les grands enjeux.
Chacun vit sa vie comme il l'entend. Pour ma part, je suis un citoyen actif, passionné de politique, particulièrement renseigné sur les grands dossiers de mon canton et de mon pays. Sur leur Histoire, aussi. Franchement dit, je n'ai strictement aucune envie de me faire "représenter" par qui que ce soit. Citoyen, je veux participer directement aux décisions, sur les grands thèmes qui agitent la Cité.
Je ne prône en aucun cas une démocratie d'opinion, où il suffirait de cliquer sur un OUI ou sur un NON, comme dans un sondage. La démocratie totale, ou démocratie directe élargie, ne peut aboutir que par un prodigieux renforcement de la culture et du savoir politiques, chez tous les citoyens. Cela signifie que l’École, beaucoup plus et beaucoup mieux qu'aujourd'hui, doit assumer, dès les premières années, sa tâche d'éveil civique.
Il faut trouver un système - c'est complexe, je sais - où l'élévation du niveau de connaissances politiques puisse permettre à chaque citoyenne, chaque citoyen, de voter, le jour venu, en PARFAITE CONNAISSANCE DE CAUSE, et non au hasard, comme dans un casino. Les prodigieux progrès de l'accès à la connaissance, par la numérisation, rendent, déjà aujourd'hui, accessibles à chacun les dossiers longtemps réservés aux seuls "élus". Encore faut-il en prendre connaissance !
Il faut trouver un système où tout le monde puisse voter, mais avec une certification de connaissance du sujet. Pour remplacer un système par un autre, une société par une autre, la première vertu est celle du savoir et de la connaissance. Rien ne peut surgir de l'ignorance. J'ai beaucoup travaillé, comme on sait, sur la Révolution française et ses conséquences sur les esprits dans les Allemagnes. Années 1770-1820, folle époque où, partout en Europe, quelque chose a bougé. Cela nous avait, entre autres, légué les Parlements. Deux siècles et demi plus tard, le temps de ces derniers touche à sa fin. Encore quelques décennies, un siècle, que sais-je, et une démocratie totale sera possible. Pour y parvenir, une seule voie : la lecture, l'étude, l'exercice de la fonction critique, l'engagement citoyen sur des thèmes.
Les thèmes, par pitié, en absolue priorité ! Le choix des personnes, avec le cirque électoral, les visages sur les affiches, les trams, non merci ! Nous avons mieux à faire que déléguer. Soyons les acteurs communs de notre destin national.
Pascal Décaillet