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Le soliloque du fou, dans la verticalité du soleil

 

Sur le vif - Samedi 20.07.19 - 17.34h

 

Je ne crois absolument plus à la notion d'hommes politiques, ou de femmes politiques. Pour moi, c'est du passé.

Dans une démocratie que j'entrevois comme idéale, il n'y a plus ni hommes, ni femmes politiques. Il y a des citoyennes et des citoyens - nous tous - qui, au suffrage universel, conduisent et déterminent, sur les grandes orientations, le destin de la nation.

Pour la conciergerie des lois, le toilettage des virgules, on peut bien garder des Parlements. Mais le dernier mot, plus encore qu'aujourd'hui, c'est au corps des citoyens qu'il appartient.

Mon système, j'en suis conscient, sera très difficile à mettre en place. Il ne s'agit surtout pas de créer une démocratie d'opinion, où la doxa serait souveraine, et où un simple clic, distrait, tiendrait lieu de bouton de vote. Il est inséparable, mon système, d'une élévation considérable du niveau de connaissance civique, donc de culture historique, des gens. C'est la tâche de l’École. C'est loin d'être gagné.

Mais quoi ! Ce statut hybride, étrange, amphigourique, d'homme politique, ou de femme politique, comme si la citoyenneté n'était autorisée qu'à une clique estampillée, est totalement insupportable. Le seul moyen de s'en sortir, de s'expurger de la consanguinité entre membres de la caste, c'est le développement de la démocratie directe, les comités d'initiatives, l'imagination créatrice de la politique restituée à ceux qui veulent bien s'en emparer. C'est, aussi, l'absolue primauté des thèmes sur les personnes. Une initiative populaire tourne autour d'un thème. Une élection tourne autour de personnes.

Il nous faut un système où le nec plus ultra ne soit plus d'être élu, mais de faire passer des thèmes. Pour cela, nul besoin d'intermédiaires. Nul besoin de mots d'ordre des partis. Juste la confrontation, pendant la campagne, entre les partisans et les adversaires d'un texte proposé au suffrage universel. Au centre de tout, les thèmes, d'intérêt public, pour faire avancer le pays.

Je combats absolument ce statut d'homme ou de femme politique. Comme si, sous prétexte d'être élus dans un Parlement (cantonal ou fédéral), ils devaient jouir d'une voix plus autorisée que n'importe quel citoyen ayant creusé un thème qui lui tient à coeur.

Soyez tranquilles. Mon combat contre les intermédiaires n'épargne ni les partis politiques (totalement caducs, d'ici quelques décennies), ni... la caste des journalistes ! Une corporation dont je fais partie. Et dont je remets pourtant en question la plupart des thèses qu'elle nous sert pour se maintenir : devoir "d'investigation" (mandaté par qui, je vous prie ?), existence "inséparable de celle la démocratie" (quelle prétention !), crédibilité supérieure (en quel honneur ?) à celle de n'importe quel quidam de bonne volonté, etc. Insupportables postures !

Ultimes arguments d'un Clergé en bout de course, empêtré dans ses habitudes, ses certitudes, ses dogmes. Incapacité crasse à saisir le vent puissant de la Réforme, celle qui provient des nouveaux supports de communication, les réseaux par exemple, comme celui sur lequel (petits coquins !) vous lisez, en ce moment même, ce texte.

Dans quelques décennies, il n'y aura plus ni hommes, ni femmes politiques, ni médiateurs qui se prennent pour des directeurs de conscience. Il y aura autre chose, j'ignore quoi, mais un univers de la communication citoyenne ancré sur d'autres supports que le dialogue de ces intermédiaires, quelque part dans l'irréel, entre la raideur des Carmélites et le soliloque du fou, dans la verticalité du soleil.

 

Pascal Décaillet

 

 

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