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Fernand Cuche : bonheur d'écoute, mais désaccord sur Ecopop

 

Sur le vif - Vendredi 04.07.14 - 09.40h

 

D’abord, le bonheur de réentendre une voix. Fernand Cuche, qui était ce matin entre 07.30h et 08.00h à la RSR, est un humaniste. Il y a, dans cette tonalité posée et ce bon sens, comme une fenêtre toujours ouverte sur la possibilité d’un bonheur terrestre, et cela fait plaisir à entendre.

 

Fernand Cuche a dit sur Ecopop des choses que je partage, et d’autres avec lesquelles je suis en désaccord total (j’y viens plus bas), mais avant tout, il faut souligner la vivante originalité de cette prise de parole : avec tant de politiques, on a l’impression d’entendre des prototypes, des formatages, un discours déjà mort avant que d’être. Avec Cuche, on a la qualité de regard d’un homme. Il parle du collectif, mais dans le cisèlement précis de son individu. Il jette sur le monde un regard qui est profondément le sien. Il y a dans son propos le cousu main de son passé, de son vécu, sans doute aussi celui de ses souffrances ou échecs : c’est un homme, enfin, qui nous parle.

 

J’en viens à Ecopop, sujet qui me passionne, sur lequel nous voterons en novembre. De bonnes questions mais de mauvaises réponses, nous dit Cuche, en l’un des rares moments de son intervention où sa rhétorique se calque sur le prêt-à-parler du moment. Il reconnaît que la question démographique, en Suisse, est majeure, et que le Parlement l’a totalement sous-estimée. Il ne nie pas qu’il faille établir une équation entre démographie et environnement. Pour autant, nous dit-il, il ne votera pas l’initiative, ne voyant en elle qu’une réponse nationale – donc « égoïste » - à des questions planétaires.

 

Et c’est là, hélas, que sur le fond, nous atteignons aux limites du discours de cet excellent politique. La négation, maintes fois appuyée dans l’interview, de l’échelon national, comme s’il était mineur, négligeable, en faveur d’une appréhension mondiale – ou mondialiste – qui, toute louable soit-elle, risque d’apparaître comme fort lointaine au corps électoral suisse de novembre. Maintes fois, les excellentes questions de Simon Matthey-Doret tentaient d'inscrire le débat dans la dimension de notre politique nationale, maintes fois l'interviewé nous répondait par l'appréhension planétaire.

 

En écoutant M. Cuche sur ce point, j’ai compris ce qui, depuis toujours, me séparait viscéralement des Verts. Non pas, évidemment, le combat pour la nature, que je soutiens à fond. Mais une certaine conception voulant à tout prix faire fi des périmètres nationaux, dans lesquels s’exercent pourtant les espaces républicains, au profit d’une vision globale, terrestre, céleste. Il faudrait, selon certains d’entre eux, appréhender toutes choses à la seule échelle de la planète, avec des gouvernances mondiales, et des « directives » (dixit Cuche, ce matin), imposant par exemple à l’Afrique l’usage du solaire. On pourrait imaginer, dans la droite ligne du Discours de Brazzaville (de Gaulle, 30 janvier 1944, le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, sublime et fondatrice allocution) que les différents peuples d'Afrique choisissent eux-mêmes, en toute souveraineté, le mode d'énergie qu'ils souhaitent.

 

Mon incompréhension fondamentale avec les Verts ne vient pas de notre rapport à la nature (sur ce point, à tant d’égards, je les rejoins), mais du fait que chez moi, les espaces nationaux, les systèmes républicains, ont encore une valeur et un sens. Parce qu’ils ne surgissent pas du rêve, mais de l’Histoire pétrie, avec le sang et les efforts de nos ancêtres, des siècles d’alliances et de mésalliances, très souvent la domination du tragique. Toutes choses qu’il faut connaître. Car elles déterminent.

 

Sur Ecopop, d’ici novembre, j’aurai largement l’occasion de revenir. J’encouragerai mes concitoyens à se prononcer en fonction de ce qu’ils estiment être les intérêts supérieurs du peuple suisse. Et non les intérêts universels ou œcuméniques de l’univers.

 

Quand à Fernand Cuche, ce désaccord sur Ecopop ne pèse que peu de choses face à la confiance que j’éprouve pour sa personne, son courage citoyen, la magnifique qualité de sa parole, en un mot l’humanisme. Réentendre ce matin cette voix ma donné de belles et solides inflexions pour attaquer ma journée. A tous, je vous la souhaite belle, estivale, vorace et séduisante. Comme doit l’être la vie, justement si fragile.

 

 

Pascal Décaillet

 

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