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La vraie fonction du CEVA

 

Sur le vif - Mardi 15.04.14 - 17.30h

 

Le CEVA, sur lequel nous avons voté le 29 novembre 2009, assume clairement deux fonctions dans la vie genevoise. D’abord, sa fonction évidente : celle d’un futur RER dont nous sommes beaucoup à nous réjouir. J’ai moi-même voté pour le CEVA, comme je le mentionnais dans l’Hebdo du jeudi 26 novembre 2009, trois jours avant le scrutin. Assurément, si davantage de gens peuvent prendre les transports publics, notamment parmi les pendulaires, nous n’allons pas nous en plaindre. A coup sûr aussi, un retard, même de 21 mois, n’est pas l’Apocalypse. Les travaux de gros œuvre de cette envergure ont souvent du retard, ceux qui ont vécu les aventures de la Furka et du Gothard le savent.

 

Mais le CEVA a une seconde fonction, celle que je n’ai cessé, depuis des années, et parfois de façon bien solitaire dans le monde éditorial genevois, d'évoquer : celle de servir de coagulant à la coalition au pouvoir depuis des années à Genève : l’actuel PLR, le PDC, les socialistes, et depuis dix-sept ans les Verts. Cela, jusqu’à « l’anomalie » qu’a dû constituer pour ce sympathique quatuor l’élection de Mauro Poggia. Lequel est en fait un PDC déguisé en MCG, mais ne compliquons pas, je ne voudrais pas finir par vous faire prendre une aspirine.

 

Oui, la fonction politique du thème « CEVA » a puissamment été, à l’automne 2009, de sauver une coalition déjà très inquiète de l’ascension du MCG. A juste titre, l’inquiétude, puisque ce dernier passait alors de 9 à 17 députés. N’oublions pas qu’en ces mois d’octobre et novembre 2009, la votation sur le CEVA et les élections cantonales se trouvaient totalement liées, intriquées, dans le temps. Il fallait voter sur un thème, le CEVA, et en même temps, il fallait élire le Grand Conseil, puis le Conseil d’Etat. Affirmer comme un acte de foi l’adhésion au CEVA, c’était montrer sa fidélité à la coalition anti-MCG, ou anti-MCG et anti-UDC. L’un n’allait pas sans l’autre. Coalition qui, de Guy Mettan à Gabriel Barrillier, s’est admirablement auto-adoubée, donnant à la République membres du Bureau et présidents successifs du Grand Conseil. Comme par hasard, la crème des pro-CEVA.

 

A l’automne 2013, plus de votation. Mais des chantiers en retard, Et un retard, nous le savons désormais par le procès-verbal du Comité de pilotage CEVA du 18 octobre 2013 14.15h (oui, DECAPROD l’a eu aussi), dont l’annonce a été SCIEMMENT reportée pour cause d’élections. Un report dont François Longchamp était d’ailleurs loin d’être l’unique bénéficiaire, je dirais même que pour lui, ça n’aurait pas changé grand-chose. Non, l’annonce du retard AVANT les élections, c’est sur toute la coalition anti-MCG, anti-UDC, qu’elle aurait eu un effet dévastateur. Ne refaisons pas l’Histoire, mais il est permis de penser que le MCG n’aurait pas décroché 20 sièges, mais peut-être 23, et l’UDC aussi aurait encore davantage progressé.

 

Il est donc faux, sur le report de l’annonce, de s’acharner sur François Longchamp. Tout au plus convient-il d’établir si, dans sa mémoire chancelante des dates, il a dit la vérité, l’a omise, tue, ou travestie. Mais cela est une autre affaire. Elle n’est pas celle d’un homme seul, mais de toute une caste d’intérêts, économiques, financiers, corporatistes autant que politiques. C’est cela, la vraie fonction du CEVA.

 

Pascal Décaillet

 

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