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L'avis du Conseil fédéral. Bof !

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Vendredi 06.07.12



Ce mercredi 4 juillet, le Conseil fédéral a recommandé de rejeter sans contreprojet l'initiative de l'UDC dite « contre l'immigration de masse ». C'est bien : le gouvernement de ce pays a bien le droit de donner son avis. Mais, si j'ose me montrer quelque peu impoli envers cette éminente instance, j'ai juste envie de dire que son opinion sur une initiative populaire, c'est intéressant dans le dossier, sans plus. En un peu moins poli encore : la prise de position du Conseil fédéral, on s'en fout.

Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu'une initiative, et c'est là le miracle de notre système suisse, n'est pas l'affaire du Conseil fédéral. Ni celle du Parlement. Je ne parle pas ici des questions d'invalidation, mais bien du fond. Une initiative, c'est une affaire du peuple avec le peuple. Le défi d'une poignée d'hommes et de femmes au début, de plus en plus nombreux lors de la phase de récolte de signatures, face au souverain ultime, qu'on appelle « le peuple », le suffrage universel. Ça passe ou ça casse. On peut rater la récolte de signatures (le PLR en sait quelque chose avec son texte sur la bureaucratie), rater la validation, et surtout échouer, un certain dimanche, devant le peuple. La prise de risques est immense, il est des baffes dominicales dont on ne se relève pas. Il est, au contraire, des triomphes qui vous font entrer dans l'Histoire, exemple Franz Weber, pardonnez-moi de citer ce nom dans ces colonnes.

Alors oui, j'ai toujours trouvé qu'on attachait beaucoup trop d'importance à l'avis du Conseil fédéral. Voilà une instance qui dispose déjà du pouvoir suprême. Elle tient les rênes de l'exécutif, dirige l'administration, édicte des messages à l'attention du Parlement, bref gouverne. L'idée même de l'initiative, encore plus que du référendum, est justement de faire agir, dans le pays profond, des leviers politiques hors de ce cénacle-là. Hors de ce jeu de miroirs, dans la molasse du Palais fédéral, entre exécutif et législatif, 253 personnes en tout. Justement pour corriger leurs erreurs. Sanctionner leurs errances. Leur ouvrir les yeux sur des réalités telluriques que, de leurs altitudes, ils auraient oubliées.

Nous sommes là dans un mécanisme correctif, l'un des meilleurs du monde, que d'aucuns, à commencer par nos amis français, nous envient. Alors oui, que le Conseil fédéral donne son avis, aucun problème, mais sans plus. Cet avis n'a pas plus d'importance que celui de sept citoyens sur environ quatre millions que compte notre corps électoral. Il n'y a donc pas lieu, cet avis, de le sanctifier. A moins, bien sûr, de faire partie de cette caste politico-médiatique qui gravite autour du pouvoir en place, tellement qu'elle s'en trouve satellisée. En résumé, le jour où vous voterez sur ce texte, n'écoutez que votre intime conviction. Votez oui, votez non. Mais ne le faites pas en fonction de l'avis du Conseil fédéral.



Pascal Décaillet

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