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La France aux François !

 

Chronique publiée dans le Nouvelliste - Jeudi 29.12.11

 

Les lecteurs du Nouvelliste s'en souviennent : j'ai passionnément roulé, il y a cinq ans, pour la candidature de François Bayrou. Il ne fut pas élu, même pas qualifié pour le deuxième tour, mais enfin ce solitaire provincial de caractère avait, très largement, emporté mon adhésion, bien que je ne fusse ni pro-européen, ni adepte du centre. Ces frontières-là, il les avait transgressées. C'est cela qui m'avait touché. Le choix d'un président, pour les Français, est, depuis un demi-siècle, celui d'un homme, bien davantage que celui d'une idéologie. Pour cela, il existe des législatives.

 

Cette instillation, au service de la République, depuis 1962 (l'élection au suffrage universel), d'une fragrance de monarchie, n'a jamais été pour me déplaire. Profitons-en : la Sixième République approche, et avec elle, sans nul doute, le retour au banal. Le régime d'exception créé en 1958 par un homme d'exception, il fallait bien qu'un jour, le sel de tout ce miracle vînt à se tarir. Lorsque la France sera devenue un pays comme un autre, je consacrerai ma vie à mes autres passions : observation des oiseaux, arbres, fleurs, bisses, rivières. Il y a tant de choses à faire, vivifiantes, dans ce chemin terrestre qu'on appelle la vie.

 

Elle se meurt de quoi, la Cinquième ? Mais d'elle-même, pardi ! De l'incroyable médiocrité de l'actuel locataire de l'Elysée. Elle aurait pu mourir, déjà, avec Giscard, mais il y eut Mitterrand pour la ressusciter. Mais là, cet homme, Sarkozy, pour lequel je n'aurais jamais voté, c'est le crédit présidentiel lui-même qu'il a ruiné. La hauteur de l'ambition. La stature d'Etat. Plié devant les forces d'Argent. Devant les Etats-Unis d'Amérique. Devant la Chancelière d'Allemagne fédérale. Echec, oui. Echec au Roi. Echec et mat. Pour lui succéder, si la France veut recouvrer son rang, et je ne parle pas ici des triples A et autres godemichets inventés par la finance spéculative, il faudra quelqu'un qui ait la classe. Je ne vois que François Hollande ou François Bayrou. Bref, il faut un François. Comme Mitterrand. Ce prénom-là n'est pas un hasard : il est le choix du tellurisme face à la dilution des repères. Il faut l'un de ces deux François, un homme qui enracine son ouverture dans le pays profond. Sinon, ce sera le pire : le retour de ces valeurs-là, dont a si bien parlé Barrès, les Français n'iront pas le chercher chez un politique « traditionnel », Mais chez Marine Le Pen. Et cela, je ne le souhaite en aucun cas à nos amis d'Outre-Jura.

 

Quant à l'hypothèse - hélas plausible - d'un Sarkozy se succédant à lui-même, je n'y vois que la permanence du funeste et la sublimation du banal. Non qu'il ruinerait le pays, bien sûr. Mais il continuerait d'en atténuer la part de miracle. Péché mortel. Il faut un François, du Béarn ou de Corrèze, à l'Elysée. La France aux François !

 

Pascal Décaillet

 

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