Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Dernière scène avant l’orage

 

Edito Giornale del Popolo - Mardi 21.09.10

 

Un été apathique, un scénario prévisible, une formule magique qui ne devrait pas sauter cette fois, des candidates et candidats compétents, voilà la leçon de l’élection de demain au Conseil fédéral. Une double élection, comme cela fut souvent le cas dans l’Histoire suisse, scénario intelligent, parce qu’il laisse le champ ouvert. Il aura fallu forcer un peu la main à Moritz Leuenberger, mais enfin c’est fait. Et, sauf colossale surprise, ce sont une personnalité radicale et une socialiste qui entreront demain dans le gouvernement suisse. La routine, quoi.

 

Ce qui console de cet aspect mécanisé, c’est la qualité des personnes. Au premier chef, la candidate radicale Karin Keller-Sutter, une star de la politique cantonale, excellente ministre à Saint-Gall, une pensée claire et limpide, au demeurant parfaite francophone. Ca n’est pas un détail : Didier Burkhalter ne parlant que très peu, et surtout sans le moindre panache, il est important, pour les Romands, de sentir la permanence d’une certaine « parole radicale » en langue française à Berne, celle des Chevallaz, Delamuraz ou Couchepin. Paradoxalement, c’est une Saint-Galloise qui serait la mieux placée dans ce rôle ! Une compatriote de feu l’éblouissant francophone Kurt Furgler.

 

Côté socialiste, nous retiendrons Simonetta Sommaruga. Là aussi, en plus de la compétence, une certaine élégance et une certaine classe dans la prise de parole. Du côté des outsiders, l’UDC fribourgeois Jean-François Rime, poids-lourd (100 kg !) du National, parfait dans son rôle de chef d’entreprise attaché à la souveraineté nationale, n’ayant aucune envie de s’en laisser conter par l’Union européenne en matière, par exemple, de fiscalité. A juste 60 ans, l’homme brûle d’en découdre. Il est bien possible qu’on n’ait pas fini d’entendre parler de lui.

 

Les autres candidats, le radical bernois Johann Schneider-Ammann, la socialiste Jacqueline Fehr et l’outsider Verte soleuroise Brigit Wyss ne manquent pas, non plus de qualités. Reste à savoir, avec cette double élection complémentaire en pleine législature, si nous n’assistons pas à l’une des dernières du genre. Etrange gouvernement, tout de même, élu pour quatre ans en décembre 2007, et dont les quatre septièmes démissionnent en cours de mandat ! Très mauvais attelage, à la vérité, incapable de piloter le pays en temps de crise, où les ministres n’ont cessé de régler leurs comptes par presse dominicale alémanique interposée, l’une des équipes les plus faibles depuis la Seconde Guerre mondiale. Virer Blocher, le 12 décembre 2007, pour arriver à un résultat aussi médiocre, y compris en termes de collégialité (c’était le grief suprême contre le tribun zurichois), c’est l’un des grands échecs de notre Histoire politique.

 

La qualité des personnes élues sauf surprise demain, Mme Sommaruga, Mme Fehr, Mme Keller-Sutter, ou M. Schneider-Ammann, compensera-t-elle l’incroyable lacune structurelle d’un système aux soins palliatifs ? Jusqu’à décembre 2011, sans doute. Au-delà, il faudra tout revoir. Sans doute dans la douleur.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

Les commentaires sont fermés.