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Bach, Buxtehude : une magnifique réussite de Daniel Künzi

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D’abord, il y a la musique. Celle de Dietrich Buxtehude (1637-1707), considéré à son époque comme le plus grand musicien allemand. Musique jouée au piano (instrument que Buxtehude n’aura jamais connu) par un extraordinaire interprète luxembourgeois, Francesco Tristano Schlimé, né en 1981. Ce que donne à voir « Bach rencontre Buxtehude », c’est principalement cela : un jeune pianiste d’aujourd’hui qui nous interprète Buxtehude. Cela dure une heure et trois minutes. Cela nous habite et nous emporte. Cela nous transporte. Magie.

 

En 1705, Jean-Sébastien Bach, qui a déjà perdu son père et sa mère, a vingt ans. Il a déjà vécu à Eisenach (sa ville natale), Ohrdruf et Lüneburg, il travaille depuis deux ans comme organiste à l’église Saint-Boniface d’Arnstadt, près de Weimar. A l’automne de cette année-là, il décide de parcourir 400 kilomètres à pied pour se rendre à Lübeck, près de la mer Baltique, où réside Buxtehude. Ce voyage, ce séjour, nous sont connus par les Mémoires d’Anna Margareta, la fille de Buxtehude, qui voit débarquer chez elle, un beau jour, ce solide marcheur « plus affamé de musique que de pain ». Les trois mois que Bach passera auprès du maître influenceront autant le vieux musicien, pour les deux années qui lui resteront à vivre, que le futur Cantor de Leipzig. Au point qu’à son retour (également à pied !) à Arnstadt, Jean-Sébastien se fera sonner les cloches par ses paroissiens, qui ne reconnaissent plus sa manière de jouer.

 

Le petit miracle du film de Künzi (je l’ai vu au Bio de Carouge, que je continue d’appeler le Bio 72), c’est l’intensité des mains et du visage de notre pianiste d’aujourd’hui lorsqu’il laisse venir à lui la musique. On imagine le jeune Bach, on regarde ses cheveux longs en pensant à la célèbre perruque du maître. Et, pour ceux qui, comme votre serviteur, ont eu le bonheur de visiter Weimar et Lübeck, et de vivre un été entier (1972) à Lüneburg, on se retrouve comme plongé dans ces églises de briques rouges d’où naquit, à l’époque baroque, l’incomparable musique. Allemagne du Nord, austère, luthérienne, hanséatique sur les confins de la Baltique, entre Elbe et Weser, là où les hivers sont longs et où rugit la lande.

 

Il y a aussi Marthe Keller, en voix off, comme récitante. Il y a Julie Nicolet, en furtives apparitions, dans le rôle d’une journaliste qui s’en va retrouver le manuscrit d’Anna Margareta. Il y a le spectateur qui se demande si cette dernière n’est pas, tout de même, tombée un peu amoureuse du jeune génie de vingt ans qui passa l’hiver avec son père. Un certain jour de l'été 1750, elle apprend, par un entrefilet dans le journal local, que Jean-Sébastien Bach est mort.

 

Entrefilet, oui. Il faudra attendre Mendelssohn, comme on sait, pour faire sortir de l’oubli la Passion selon Saint Matthieu, en l’église Saint Thomas de Leipzig, un beau jour de 1829.

 

Magnifique film que celui de Daniel Künzi, sobre, entièrement tourné  vers la musique. A voir, très vite.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

 

 

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