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La chance perdue

 

Le Matin dimanche - 28.06.09

 

Pierre Maudet, jeudi après-midi, hésitait encore. Penché sur l’extrême bord du Rubicon, à deux doigts du plongeon, il a préféré renoncer. Dommage. Il y avait là la salutaire espérance d’une fenêtre ouverte, avec l’irruption d’un vent glacé, dans le hublot d’un vieux grenier où suinteraient la lésine, le roussi, le poussiéreux avachissement du poids des ans.

Surdoué de l’action publique, Pierre Maudet est aussi un homme d’une rare culture sur l’histoire des idées, la genèse et l’évolution des partis politiques depuis la Révolution française : James Fazy, Jules Ferry, Guizot, Mandel ou Mendès France n’ont aucun secret pour lui, il est imprégné de passion républicaine, capable d’en parler pendant des heures. Bref, un arrière-pays, chose hélas de plus en plus rare dans la classe politique. Radical, il sait pourquoi il l’est, d’où vient ce parti, comment le régénérer pour relancer le pays.

Cette candidature, sans doute, avait bien des risques d’aller se fracasser, au final, contre celle d’un Pelli ou d’un Broulis. Mais diable, elle aurait remué et labouré le champ de nos idées, secoué la torpeur du centre-droit, charcuté nos préjugés, remis en question ce mode électoral, si ahurissant, où nul programme commun, nulle épine dorsale ne relie entre eux les membres du Conseil fédéral, ces passants du hasard, qui restent tant qu’ils veulent et prennent congé, par pure convenance, au beau milieu d’une législature.

Tout cela n’est pas une question d’âge. Maudet n’a ni raison ni tort d’avoir 31 ans. Il a 31 ans, c’est tout. Et puis, foin du conflit des générations, foin de celui de sexes ! Ce dont la Suisse a besoin, c’est d’hommes et de femmes, de tous âges, ayant une puissante ambition pour le pays. Pierre Maudet, parmi quelques rares autres, en fait partie. Il aurait été, c’est sûr, un candidat d’exception.

 

Pascal Décaillet

 

 

 

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